Le centre de tri du Complexe environnemental de Saint-Michel, à Montréal, déborde à nouveau, moins de deux ans après avoir reçu des millions de la Ville à la suite d’une situation similaire.

Des ballots de papier sont entassés en grande quantité à l’extérieur du bâtiment, exposés aux éléments, a constaté La Presse, mardi.

Des amoncellements de matières pêle-mêle sont également présents ; le tout est visible à partir de l’autoroute Métropolitaine.

« Il y a en effet débordement au centre de tri Saint-Michel », a déclaré à La Presse Geneviève Jutras, attachée de presse du cabinet de la mairesse Valérie Plante.

« Cette situation nous préoccupe », a-t-elle indiqué, précisant que les matières, après avoir été cueillies et livrées au centre de tri, appartiennent à son gestionnaire, Rebuts solides canadiens.

« C’est donc sa responsabilité de trouver des débouchés », explique Mme Jutras.

Crise mondiale

Les matières constituées de fibres provenant des ménages, comme les circulaires, les boîtes de céréales et de biscuits ou la paperasse, sont regroupées par les centres de tri dans des ballots de « papier mixte ».

Or, la valeur de cette matière a connu une chute vertigineuse depuis quelques années, essentiellement parce que la Chine, qui en était le principal importateur, lui a fermé ses portes en réduisant sévèrement les taux de contamination acceptés.

Selon Recyc-Québec, qui base son calcul sur les informations transmises par les centres de tri, le prix de la tonne de papier mixte est passé de 121 $, mi-2017, à - 34 $, en novembre dernier, si bien que les centres de tri doivent désormais payer pour s’en défaire.

La fermeture du marché chinois fait mal au papier mixte et c’est là le résultat qu’on voit actuellement.

Geneviève Jutras, attachée de presse du cabinet de la mairesse Valérie Plante

L’administration Plante souligne que la solution passe par la « réduction à la source », comme elle le propose dans son prochain plan de gestion des matières résiduelles.

Comme il y a deux ans

Ce n’est pas la première fois que le centre de tri du Complexe environnemental de Saint-Michel déborde ; une situation semblable s’est produite il y a deux ans.

La Ville de Montréal avait accordé 29 millions de dollars à Rebuts solides canadiens au printemps 2018 pour que l’entreprise continue d’exploiter le centre jusqu’à la fin de 2019.

Rebuts solides canadiens menaçait de mettre la clé sous la porte, affirmant que la baisse de ses revenus causée par la crise du recyclage risquait de porter un coup fatal à la viabilité de ses activités.

Jointe par La Presse, l’entreprise a répondu dans un courriel transmis par une firme de relations publiques que le débordement actuel n’avait « absolument pas » de lien avec la fin de la période visée par l’aide financière de la Ville et qu’elle ne négociait pas une nouvelle aide.

Le débordement de son centre de tri est attribuable au fait que « la période du temps des Fêtes génère beaucoup plus de matière entrante », à la difficulté de trouver preneur pour le papier et à la pénurie de main-d’œuvre, indique Rebuts solides canadiens.

Le papier est d’ailleurs la seule matière concernée par le débordement, assure-t-elle.

L’entreprise dit « continuer à explorer d’autres marchés » et affirme qu’une « centaine de voyages » doivent être expédiés « cette semaine ».

Des matières de la Rive-Sud

L’ouverture en novembre du nouveau centre de tri de la Ville de Montréal, dans l’arrondissement de Lachine, avait permis de diminuer la pression sur celui du Complexe environnemental de Saint-Michel.

Or, quelques semaines plus tard, la fermeture du centre de tri de l’arrondissement de Saint-Hubert, à Longueuil, venait changer la donne.

L’établissement était exploité par la Compagnie de recyclage de papiers MD, qui appartient comme Rebuts solides canadiens au Groupe TIRU, filiale de la multinationale française EDF.

Les matières qui y étaient traitées ont donc été redirigées vers les autres centres de tri du groupe, celui du Complexe environnemental de Saint-Michel et celui de Châteauguay.

Le centre de tri de Châteauguay est d’ailleurs aux prises avec les « mêmes enjeux » de débordement que celui de Montréal, a indiqué à La Presse Rebuts solides canadiens.