Le début des audiences publiques sur le projet d’agrandissement du lieu d’enfouissement technique de Sainte-Sophie, dans les Laurentides, a fait salle comble à Saint-Jérôme, mardi soir.

Une centaine de personnes étaient massées dans la petite salle communautaire où se tient jusqu’à jeudi la première partie des travaux du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Ce projet « répond davantage aux besoins du promoteur qu’à ceux des populations qu’il dessert », a déploré d’entrée de jeu le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED), Karel Ménard, qui est au nombre des requérants ayant demandé la tenue d’audiences sur le sujet.

Le Front commun s’inquiète notamment des rejets nocifs que la future zone d’exploitation du site pourrait générer dans le réseau hydrographique de la région, ainsi que des émissions de biogaz.

Cette préoccupation rejoint celles de citoyens de Sainte-Sophie, comme Samuel Miron, qui est « extrêmement inquiet des impacts de ce projet sur la qualité de l’air et de l’eau ».

De nombreux résidants du secteur possèdent des puits artésiens, a souligné Shany Perron, de la Coalition alerte à l’enfouissement Rivière-du-Nord.

Alors que des millions de personnes sont descendues dans les rues en septembre dernier, partout dans le monde, pour appeler à l’action contre la crise climatique, « il est plus que temps d’opter pour des technologies plus vertes [de traitement des déchets] », a déclaré Samuel Miron.

Les gaz à effet de serre émis par les quelque 300 camions qui se rendent chaque jour au site d’enfouissement a notamment fait l’objet de plusieurs commentaires du public, ce à quoi Waste Management a répondu que ces camions circuleront quand même sur les routes, qu’ils aillent vers le site de Sainte-Sophie ou non.

Enfouir 18 ans de plus

Au rythme actuel de près d’un million de tonnes de déchets par an, le lieu d’enfouissement technique de Sainte-Sophie aura atteint sa capacité maximale dans trois ans, à la fin de novembre 2022.

Waste Management demande la permission d’ouvrir une nouvelle aire d’enfouissement d’une capacité de 18,6 millions de tonnes, ce qui lui permettrait de poursuivre ses activités jusqu’en 2040.

L’étude d’impact réalisée par l’entreprise indique que le projet, évalué à 90 millions de dollars, nécessiterait le déboisement de 39 hectares de forêt et la destruction de 18 hectares de milieux humides, que l’entreprise s’engage à compenser ailleurs dans la région.

La disposition des déchets est un « service public essentiel », a déclaré le directeur des affaires publiques de l’entreprise, Martin Dussault, ajoutant que la croissance démographique anticipée pour la région que dessert le site de Sainte-Sophie se situera entre 18 et 27 % pour la période visée par le projet d’agrandissement.

L’entreprise, qui gère « 300 sites en Amérique du Nord », fait valoir son expertise dans le captage des biogaz et le traitement des eaux.

Elle dit déjà préparer la reconversion du lieu d’enfouissement technique, à la fin de sa vie utile, en un site à vocation agroenvironnementale.

Déjà, Waste Management dit avoir planté 160 000 saules sur 10 hectares de cellules d’enfouissement fermées, une technique qui, dit-elle, « risque de révolutionner le traitement des eaux au Québec ».

Le site d’enfouissement de Sainte-Sophie reçoit des matières résiduelles provenant, en ordre d’importance, de la Communauté métropolitaine de Montréal, des Laurentides, de Lanaudière et de l’Outaouais. Environ le tiers provient du secteur résidentiel et les deux tiers, du secteur industriel, commercial et institutionnel.