(Paris) L’extraction massive des eaux souterraines, vitales pour l’Homme, va avoir des « répercussions cruciales » sur les rivières, les lacs et les zones humides de la moitié des bassins fluviaux de la planète, mettent en garde des chercheurs mercredi.

Plus de deux milliards de personnes dépendent pour boire et irriguer les cultures de ces nappes stockées dans les roches poreuses et perméables du sous-sol, qui sont la principale source d’eau douce de la planète.

Les aquifères se remplissent tout doucement grâce à la pluie, un phénomène connu sous le nom de « recharge », et se déchargent dans les lacs, les rivières ou les mers pour retrouver un équilibre.

Mais les réserves sont sous la pression combinée de l’expansion de la population mondiale et de l’augmentation de la production agricole qui lui est liée.

Une équipe internationale de chercheurs a étudié le rythme auquel les nappes phréatiques alimentent les lacs et rivières, et la façon dont le pompage de ces aquifères affecte cet écoulement.

Selon eux, dans environ 20 % des bassins versants (espace drainé par un cours d’eau et ses affluents), le pompage est déjà plus rapide que l’écoulement naturel.

Utilisant des modèles climatiques pour estimer la réduction de cet écoulement fluvial en raison du dérèglement climatique, ils concluent que 42 à 79 % des aquifères du monde seront incapables d’alimenter des écosystèmes aquatiques d’ici 2050.

« Il est clair que s’il n’y a pas d’eau dans votre rivière, les poissons et les plantes vont mourir », a commenté Inge de Graaf, de l’université allemande de Fribourg. Et « environ la moitié des cultures irriguées dépendent des eaux souterraines », a-t-elle indiqué à l’AFP.  

L’étude publiée mercredi dans la revue Nature note que les régions très dépendantes de ces nappes phréatiques pour l’agriculture, notamment le Mexique ou le bassin du Gange, vivent déjà un déclin des rivières et de leur flux en raison de la surextraction.

Et en raison de l’augmentation de la demande, certaines régions d’Afrique et du sud de l’Europe pourraient également être affectées de façon similaire dans les décennies à venir, prédisent les chercheurs.

Au début de l’année, des chercheurs britanniques avaient déjà mis en garde contre la « bombe à retardement » que représentent les nappes phréatiques qui risquent de faire face à des problèmes de recharge liés au changement climatique.