Le Canada n'en fait pas assez pour combattre les changements climatiques, a dénoncé mardi la commissaire à l'environnement et au développement durable.

Il s'agit du dernier rapport de Julie Gelfand avant la fin de son mandat de cinq ans. Le document s'intéresse notamment aux subventions des combustibles fossiles, aux espèces aquatiques envahissantes et à la pollution minière.

Elle affirme toutefois que la lenteur du Canada à accepter, combattre et s'adapter au réchauffement de la planète est ce qu'elle trouve le plus « troublant ».

« Depuis des décennies, les gouvernements fédéraux successifs n'ont pas atteint leurs objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et le gouvernement n'est pas prêt à s'adapter à un climat changeant, a-t-elle déclaré mardi dans un communiqué. Cela doit changer. »

Les critiques de Mme Gelfand surviennent après que des chercheurs d'Environnement Canada eurent prévenu, mardi, que le pays se réchauffe deux fois plus rapidement que le reste de la planète, en raison de changements « irréversibles » à notre climat.

Elle dit que ni les libéraux ni les conservateurs, quand ils étaient au pouvoir, n'ont atteint leurs propres objectifs de réduction des émissions polluantes et que le Canada n'est pas sur la bonne voie pour atteindre sa cible de 2030, en dépit de politiques comme la taxe sur le carbone.

Selon les estimations, le Canada est à court de 90 millions de tonnes de dioxyde de carbone par rapport à son objectif déclaré de réduire les émissions à 70 % de ce qu'elles étaient en 2005 d'ici 2030. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations unies suggère toutefois que le Canada aurait besoin de 100 millions de tonnes de plus - l'équivalent des émissions annuelles de 28 millions de voitures.

Le rapport de Mme Gelfand accuse les libéraux de ne pas respecter leur promesse de se débarrasser de subventions inefficaces sur les combustibles fossiles, qui minent les efforts pour lutter contre les changements climatiques, encouragent le gaspillage de combustibles fossiles et découragent les investissements dans des énergies plus propres.

Elle conclut que tant le ministère des Finances qu'Environnement Canada ont défini le terme « inefficace » de manière si générale qu'ils ne peuvent pas décider quelles subventions entrent dans cette catégorie.

Les travaux du ministère des Finances sur les subventions ont porté exclusivement sur des considérations fiscales et économiques sans accorder aucune attention aux problèmes sociaux et environnementaux en jeu. Pour sa part, Environnement et Changement climatique Canada n'a examiné que 23 des plus de 200 organisations fédérales lorsqu'il a compilé un inventaire des subventions potentielles pour le secteur des combustibles fossiles, a révélé Mme Gelfand.

Les groupes de défense de l'environnement critiquent vivement l'aide continue du Canada au secteur des combustibles fossiles, en particulier lorsque les sources d'énergie et les technologies propres ne sont pas au moins traitées sur un pied d'égalité. Le Canada s'est engagé auprès du G7 et du G20 à éliminer les subventions inefficaces d'ici 2025, et les libéraux ont également fait campagne en promettant de les éliminer.

Il s'agit de la deuxième tentative de vérification des programmes de subvention des combustibles fossiles du ministère des Finances. En 2017, le vérificateur général a tenté de le faire, mais a été bloqué lorsque le ministère a refusé de dénicher les documents nécessaires. Finalement, le ministère a cédé, ce qui a entraîné la publication des vérifications mardi.

L'année dernière, le Canada a entamé avec l'Argentine un examen par les pairs qui a permis à chacun d'enquêter et de faire rapport sur les subventions accordées par l'autre aux combustibles fossiles. La semaine dernière, la ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, a lancé une consultation publique sur les subventions destinées à faciliter cet examen par les pairs.

Le projet de règlement qu'elle a publié la semaine dernière indique que son ministère a conclu qu'aucune des subventions fédérales non fiscales pour les combustibles fossiles n'est en réalité « inefficace ».

Le règlement ne prévoyait que quatre subventions, dont un soutien pour aider les communautés autochtones à maintenir les prix de l'électricité à un niveau peu élevé ; le financement d'infrastructures de véhicules électriques et de véhicules à carburant de remplacement, telles que des stations de charge ; et le financement de la recherche sur les technologies propres pour le secteur du pétrole et du gaz.

StopFundingFossils, une coalition de groupes de défense de l'environnement au Canada, a déclaré être en désaccord total avec la conclusion d'Environnement Canada selon laquelle il n'y a aucune subvention inefficace aux combustibles fossiles dans ce pays.

Mme Gelfand a également examiné l'impact actuel des espèces aquatiques envahissantes, dont la plupart ont été introduites accidentellement dans les eaux canadiennes sur les coques des navires en provenance des eaux internationales et dont beaucoup nuisent à la vie marine des espèces autochtones après leur arrivée.

Elle a constaté que bien que le Canada se soit engagé à empêcher les espèces envahissantes de s'implanter dans les eaux canadiennes, ni Pêches et Océans Canada ni l'Agence des services frontaliers du Canada n'ont fait ce qu'ils avaient promis de faire. Elle dit que le manque de compréhension quant à la responsabilité des autorités provinciales ou fédérales nuit aux efforts visant à empêcher l'établissement d'espèces envahissantes.