(Edmonton) Un homme soutient qu’il a défiguré une murale représentant Greta Thunberg à Edmonton parce qu’il voulait prendre position pacifiquement — et l’artiste qui a créé le portrait ne s’en fait pas trop avec cette expression citoyenne.

James Bagnall a expliqué lundi qu’il avait écrit « Assez les mensonges » et « Vous êtes ici en territoire pétrolier » sur le portrait de l’adolescente suédoise de 16 ans qui a été peint récemment sur un fond bleu vif le long d’une ligne de train léger sur rail à Edmonton.

« Mon intention était simplement de permettre aux gens d’entendre ma voix et mon opinion », a-t-il expliqué lundi dans un courriel. « Je ne visais pas Greta en tant que personne : ce n’est qu’une enfant et je ne ferais jamais ça. Mais j’en ai assez que des gens s’en prennent à notre mode de vie. »

Avant qu’elle ne soit dégradée par une ou plusieurs personnes, la murale portait l’inscription « Merci, Greta » et « Merci Beaver Hills Warriors » — le groupe environnementaliste local qui a participé à l’organisation d’une grande manifestation avec Greta Thunberg à Edmonton vendredi dernier.

Les yeux de l’adolescente ont depuis été barrés et des injures ont notamment été écrites à la bombe aérosol, en français. On lui demande aussi, en anglais, de quitter le Canada. M. Bagnall soutient qu’il n’est pas responsable des graffitis en français.

Greta Thunberg a accompagné les milliers de personnes qui ont défilé vendredi dans le centre-ville d’Edmonton jusqu’à l’Assemblée législative. Les manifestants écologistes étaient beaucoup plus nombreux que les partisans de l’industrie du pétrole et du gaz, qui tenaient une contre-manifestation. Dans son discours, la jeune militante suédoise s’est toutefois abstenue de critiquer directement l’industrie des sables bitumineux de l’Alberta.

Le muraliste comprend

L’artiste AJA Louden a déclaré qu’il lui avait fallu environ deux heures et demie pour créer la murale sur un « mur libre » — où tout le monde est autorisé à peindre. « Mon objectif était de poursuivre la conversation après la manifestation (de vendredi), écrit-il dans un courriel. Le problème est toujours là, et parfois toute l’énergie productive de la manif semble s’évanouir par la suite. »

Le muraliste soutient par ailleurs qu’il n’est pas vexé par les graffitis, parce que les gens qui ont « griffonné » sur son œuvre racontaient eux aussi leur histoire. « Notre économie locale dépend du secteur de l’énergie et il y a de la colère et de la peur alors que les gens doivent s’accommoder des changements que nous devons faire », a écrit M. Louden.

« Il est essentiel de concentrer cette colère et cette peur sur un changement à grande échelle pour que nous puissions réussir — plutôt que s’en prendre à une jeune fille qui tente de prendre la parole. »

La jeune militante est arrivée à Fort McMurray vendredi soir et elle a rencontré le chef de la Première Nation d’Athabasca Chipewyan. Allan Adam lui a demandé de convaincre les Européens de faire pression sur les investisseurs du secteur des sables bitumineux pour concevoir des technologies plus vertes afin d’extraire cette ressource albertaine.

Greta Thunberg a passé une partie de la fin de semaine près de Fort McMurray à accorder des entrevues qui, selon la première nation crie Mikisew, feront partie d’un prochain documentaire de la BBC.