(Montréal) Les nostalgiques des rassemblements de casseroles du printemps 2012 auront l’occasion de cabosser de nouveaux chaudrons dès mardi, cette fois pour la cause de l’urgence climatique. Des événements « Les mardis casseroles pour la planète ! » commencent à se former dans différents quartiers de Montréal et le mouvement souhaite faire des petits partout au Québec.

En 2012, la grève étudiante contre la hausse de droits de scolarité s’était transformée en mouvement populaire qui dénonçait l’adoption d’une loi spéciale par le gouvernement libéral de l’époque venant restreindre la liberté de manifester.

Des milliers de Québécois de tous âges avaient alors extériorisé leurs frustrations contre un gouvernement miné par de nombreux scandales en se rassemblant pour taper sur des casseroles.

« C’est un symbole qui a marqué l’imaginaire et qui est encore présent dans la tête de bien des Montréalais et de beaucoup de nos membres », explique le porte-parole du mouvement La Planète s’invite au parlement, François Geoffroy.

Pour les militants écologistes, cette nouvelle proposition de mobilisation vise à maintenir les gens engagés à la suite de la manifestation monstre qui a vu défiler des centaines de milliers de personnes dans les rues de Montréal le 27 septembre.

« L’idée, c’est de garder la mobilisation active. On sait qu’il y a plein des gens qui ont envie de bouger, qui ont envie d’agir », ajoute-t-il en promettant de nouvelles journées de grèves à grand déploiement dans un avenir rapproché.

En attendant, ces soirées de tintamarres se veulent spontanées, à l’échelle des quartiers ou des petites municipalités. Que les gens puissent facilement démontrer leur appui et se faire entendre.

« On veut qu’il y ait du bruit. Ce sont des événements qui vont être de taille variable et on espère que de semaine en semaine ça va grossir », poursuit M. Geoffroy, qui souhaite que des citoyens de tous les groupes d’âge se joignent au mouvement des jeunes.

Pour les militants les plus mobilisés, c’est également une manière de garder leur place dans l’actualité.

« Il faut s’assurer que le message qu’on a réussi à porter dans la sphère médiatique, au cours des derniers mois, continue à être entendu et à se transformer. On ne parle plus seulement de climat et d’environnement, mais la notion d’urgence commence à vraiment faire son chemin », se réjouit-il.

Les politiciens peu réactifs

François Geoffroy, qui enseigne la littérature au niveau collégial, a pris la parole devant la foule aux proportions jamais vues dans l’histoire du Québec lors de la grande marche du 27 septembre. Deux semaines plus tard, on sent une grande déception chez lui face à la réaction très timide des dirigeants politiques.

« Je n’ai pas l’impression qu’il se passe grand-chose », se désole-t-il.

Si la campagne électorale fédérale en cours a tout de même forcé les chefs à parler d’environnement, le discours des principaux partis manque d’ambition, selon lui.

« Pour l’instant, les promesses ne sont absolument pas à la hauteur de l’urgence. C’est encore très clair pour nous que non seulement les élus, mais la très grande majorité de la population n’est absolument pas consciente de la gravité de la crise », affirme le militant.

Il cite notamment une étude récemment publiée par une chercheuse de l’Université Stanford qui estime que cinq milliards d’êtres humains pourraient être menacés par des pénuries d’eau potable et de nourriture d’ici 30 ans. « C’est à glacer le sang », commente-t-il, en gardant espoir que le public comprenne l’urgence de la situation comme l’a démontré la communauté scientifique.