(New York) De Sydney à New York en passant par Londres ou Paris, les militants écologistes d’Extinction Rebellion ont entamé deux semaines d’actions coups de poing à travers le monde pour dénoncer l’inaction «criminelle» des gouvernements face à la crise climatique, entraînant des centaines d’arrestations.

Loin des manifestations monstres de septembre générées par le mouvement inspiré par Greta Thunberg, les actions d'Extinction Rebellion, mouvement né en 2018 au Royaume-Uni qui prône la désobéissance civile, se limitaient à quelques centaines de manifestants, tentant souvent de frapper les esprits en bloquant un axe majeur de circulation.

À Londres, où Extinction Rebellion a multiplié les actions choc ces derniers mois, des centaines de manifestants ont entrepris de bloquer Westminster, où sont concentrés les lieux de pouvoir, et menaient des actions sur plusieurs sites, dont le pont qui fait face à Big Ben, fermé à la circulation automobile.

«Changements radicaux»

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Des militants d’Extinction Rebellion bloquent une intersection à Londres.

«Nous avons besoin de changements radicaux», mais «le gouvernement ne s’occupe que du Brexit», déclare Harriet Thody, 53 ans, assise sur la chaussée, recouverte d’un drapeau rose d’Extinction Rebellion. «Stop à la guerre, stop au changement climatique», pouvait-on lire sur certaines pancartes.

Bloqué au volant de son taxi non loin d’un Trafalgar Square paralysé, Dave Chandler, 54 ans, estimait néanmoins que les manifestants étaient «en train de tourner les gens contre eux». Selon lui, les protestataires feraient mieux de s’en prendre aux «gros».

Sur les centaines de manifestants impliqués dans diverses actions menées dans la capitale britannique, 215 ont été arrêtés, certains dès ce week-end, a indiqué en fin de journée la police londonienne.

Des manifestations ont également eu lieu dans plusieurs capitales européennes comme Paris, Madrid, Amsterdam, Berlin ou Vienne.  

«Il faut qu’on se lève partout dans le monde pour faire changer les choses», a déclaré Aurore, 27 ans, depuis Paris où les manifestants ont bloqué lundi un pont et un quai des bords de Seine. «Nos gouvernements ne font rien, ou ils mentent», a-t-elle ajouté.

«Le moment est venu de mettre en pratique des mesures de pression beaucoup plus fortes. Seule une révolution mondiale, massive, accompagnée de désobéissance civile non violente peut générer les changements nécessaires à notre survie», a lancé une porte-parole du mouvement à Madrid, Mabel Moreno.

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Rassemblement de militants d'Extinction Rebellion au centre de Paris.

Quelque 75 personnes ont été interpellées à Vienne pour avoir bloqué une des principales artères du centre ville.  

Marche funèbre à New York

À New York, environ 200 militants vêtus de noir ont mis en scène une «marche funèbre».  

Entourant des cercueils de carton symbolisant les victimes du changement climatique, parfois couverts de faux sang, ils ont marché de la pointe de Manhattan jusqu’à la Bourse de Wall Street, où ils se sont allongés au milieu de la rue. Une trentaine d’entre eux ont été interpellés.  

«J’ai deux filles et je suis vraiment inquiète pour elles, elles auront 30 ans lorsque, nous dit-on, le monde va commencer à s’effondrer», en 2050, a indiqué Danica Novgorodoff, 39 ans.

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Des participants à la «marche funèbre» détenus à New York.

«Les militants écologistes ont essayé toutes les méthodes polies de manifestation depuis 30 ans, rien n’a marché. Nous n’avons pas d’autre choix que de faire sortir dans la rue autant de gens que possible e», a ajouté la jeune mère.

Au Canada, plusieurs dizaines de manifestants ont bloqué des ponts autoroutiers dans au moins trois villes : Toronto, Halifax et Edmonton. D’autres actions étaient attendues dans la journée à Vancouver et Victoria.

À des milliers de kilomètres de là, au Cap, où quelques dizaines de militants s’étaient rassemblés, Jay Welsh, ingénieur informatique de 23 ans, affirmait que le mouvement gagnait du terrain en Afrique.

Le continent «va être largement touché par les effets du changement climatique», soulignait-il, citant les inondations dans les régions côtières.

En Australie, les militants prévoyaient des événements comme la promulgation de la disparition des abeilles, un défilé nu ou un cortège funèbre pour la planète.

AFP

Rassemblement sur le pont de Westminster, à Londres.

Extinction Rebellion est né au Royaume-Uni fin 2018 à l’initiative d’universitaires notamment, inspiré par la stratégie de lutte pour les droits civiques aux États-Unis dans les années 1960.  

Le mouvement s’est étendu grâce aux réseaux sociaux et revendique aujourd’hui 500 groupes dans 72 pays.

Ses actions doivent se poursuivre dans les jours qui viennent.  

À Londres, le mouvement espère rassembler 20 000 à 30 000 personnes sur deux semaines, soit cinq fois plus qu’en avril dernier, où les activistes avaient mené pendant 11 jours des actions perturbant la circulation, donnant lieu à plus de 1100 arrestations.