(Québec) Le premier ministre François Legault a choisi de ne pas participer au Sommet des Nations unies sur les changements climatiques, la Climate Week, qui se tiendra à la fin du mois à New York.

Ce faisant, il rompt avec la tradition installée depuis une dizaine d’années par ses prédécesseurs, les ex-premiers ministres Philippe Couillard et Jean Charest, qui tenaient à être présents sur une base régulière à cet événement d’envergure internationale, notamment pour rappeler la contribution du Québec à la lutte aux changements climatiques par la réduction des gaz à effet de serre.

Cette décision a fortement contrarié les trois partis d’opposition, qui ont fait front commun vendredi pour dénoncer l’absence présumée d’intérêt et de sensibilité du premier ministre envers la crise climatique et l’urgence de la situation.

Chaque année, depuis 10 ans, le sommet de l’ONU attire à New York des leaders du monde entier préoccupés par cet enjeu, dont des leaders politiques.

En matière de protection de l’environnement, « son désengagement n’a plus de sens », a commenté la porte-parole libérale sur la question, la députée Marie Montpetit, en parlant du premier ministre. « Il est en complète contradiction », a renchéri le porte-parole péquiste, le député Sylvain Gaudreault. « Il baisse les bras », ajoute la porte-parole de Québec solidaire, la députée Manon Massé, convaincue qu’il néglige « le dossier le plus fondamental » de notre époque.

Les partis d’opposition reprochent notamment au premier ministre Legault de prôner un double standard, lorsqu’on parle d’économie et d’environnement. On rappelle qu’il n’hésite pas à se présenter au Forum économique de Davos et de se rendre à New York pour tenter de vendre de l’électricité, alors qu’il boude les deux grands rendez-vous internationaux sur la crise climatique : la COP24 tenue en Pologne en décembre dernier et la Climate Week, fin septembre à New York.

Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement de François Legault, « le Québec a clairement perdu son image de leader à l’international dans le dossier de la lutte aux changements climatiques », conclut Marie Montpetit, en entrevue téléphonique.

De toute évidence, le premier ministre « ne mesure pas, intérieurement, l’importance de l’enjeu des changements climatiques et l’urgence d’en faire une priorité. Le reste, c’est du discours », déplore Mme Montpetit, constatant le peu d’actions concrètes à ce jour.

L’opposition péquiste critique de son côté le « double standard » de M. Legault, prompt à s’investir sur les questions économiques, mais muet sur la crise climatique.

« Il n’a pas intégré l’urgence climatique et la crise climatique dans son approche », a commenté le député péquiste Sylvain Gaudreault, persuadé que le premier ministre prône toujours « un modèle d’économie du 20e siècle ».

Il conclut que le premier ministre renonce ainsi à une occasion de promouvoir les initiatives du Québec en ce domaine sur la scène internationale, voyant là une brèche à la posture « nationaliste » affichée par M. Legault.

« Il aime bien se prétendre nationaliste, mais il ne va pas jusqu’au bout de cette logique », selon lui.

Au moment où le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutierrez, rappelle aux États « la nécessité de rehausser les plans de lutte aux changements climatiques, le Québec répond absent », déplore la députée solidaire Manon Massé.

« C’est inacceptable », a-t-elle ajouté, se disant « inquiète » et persuadée qu’« une grande partie » de la population pense comme elle.

« Le gouvernement Legault vient de baisser les bras » sur cette question, a-t-elle conclu.

Le gouvernement du Québec sera représenté au Sommet de New York par le ministre de l’Environnement, Benoît Charette, et celui de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien.