(Montréal) Des chercheurs québécois participent à un projet pancanadien visant à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre en piégeant le dioxyde de carbone (CO2) dans les déchets issus de l’exploitation minière.

Le projet est mené par l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), en collaboration avec l’Université de l’Alberta, l’Université Trent et l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), ainsi que trois grandes sociétés minières.

Le projet verra le jour grâce à un financement de deux millions de dollars du Programme de croissance propre de Ressources naturelles Canada (RNCan).

« Le CO2 contenu dans l’atmosphère réagit naturellement avec les phases minérales pour former des carbonates, a expliqué Louis-César Pasquier, qui dirige l’équipe de recherche de l’INRS. Le CO2 gazeux est transformé en solide qui est stable et inerte. C’est un processus naturel observé depuis bien longtemps, mais on a commencé à se demander en 1995 pourquoi on ne l’utiliserait pas pour répondre en partie à la question des changements climatiques et aux émissions de CO2 en particulier. »

Les travaux de M. Pasquier, qui est professeur adjoint à l’INRS, et de ses collaborateurs pourraient réduire considérablement les émissions de CO2 des exploitations minières et conduire à la première mine neutre en gaz à effet de serre au monde.

Les chercheurs s’intéressent tout particulièrement aux résidus miniers riches en silicate de magnésium, ceux-ci provenant notamment de l’extraction de nickel, de diamants, de platine et autres matériaux.

Dans un processus naturel appelé carbonatation minérale, le CO2 réagit avec le silicate de magnésium présent dans les résidus. La réaction piège le gaz à effet de serre sous forme de carbonates stables et inertes pour plusieurs milliers d’années ou plus.

« On se rend compte qu’on sous-estimait grandement la capacité de ces matériaux-là à capter le CO2 et […] on peut proposer une façon d’accélérer la transformation du CO2 contenu dans l’air, maximiser les échanges entre l’air et les résidus, a dit M. Pasquier. L’idée est vraiment de maximiser la réactivité entre le résidu et le CO2 qui est contenu dans l’air pour que la compagnie minière puisse compenser ses émissions de CO2. »

Le chef de projet Greg Dipple a expliqué dans un communiqué que la réaction de seulement 10 % du flux de déchets d’une mine pourrait être plus que suffisante pour compenser les émissions annuelles de carbone produites par une exploitation minière.

M. Pasquier croit que ces travaux pourraient trouver une application concrète sur le terrain d’ici cinq ans.

« Ce n’est pas une approche très dispendieuse, a-t-il dit. C’est vraiment juste de proposer à la compagnie [minière] un mécanisme pour améliorer la capacité de son matériel à réagir avec le CO2. Les puits de carbone que sont les résidus miniers sont perçus comme étant inutiles, mais au final ils peuvent avoir une utilité. »

Des essais sur le terrain auront lieu cet été à la mine de diamants Gahcho Kué du groupe De Beers, dans les Territoires du Nord-Ouest, et en 2020 dans une mine de nickel en Colombie-Britannique.