Des agents ont saisi le mois dernier des dizaines de parties du corps d’ours noirs, de pilules amaigrissantes à base de plantes africaines menacées d’extinction et les carcasses de deux fourmiliers écailleux, dans le cadre d’une vaste campagne internationale ciblant braconniers et trafiquants, a indiqué mercredi Environnement et Changement climatique Canada.

Selon le directeur général de l’Application de la loi sur la faune du gouvernement fédéral, Sheldon Jordan, les fourmiliers écailleux, connus sous le nom de pangolins, sont les plus grandes victimes fauniques de la traite dans le monde, mais c’est la première fois que des agents en découvrent des carcasses au Canada.

M. Jordan a précisé que les deux carcasses, qui provenaient du Cameroun, avaient été saisies à Montréal. Cette enquête est toujours en cours et aucune accusation n’a encore été portée en ce qui a trait aux pangolins.

Les saisies ont été réalisées dans le cadre de l’Opération Thunderball, supervisée par Interpol, à laquelle des agents canadiens ont participé. L’opération a duré un mois, s’est déroulée dans 109 pays et a mené à la saisie, à l’échelle mondiale, de dizaines de milliers de plantes et d’animaux protégés ainsi que de leurs produits dérivés.

Dans l’ensemble des pays visés par l’opération, les premiers résultats de l’enquête ont permis d’arrêter 582 suspects.

M. Jordan a indiqué que 18 accusations avaient déjà été déposées au Canada dans cette affaire et qu’une dizaine d’autres étaient attendues. Il n’a cependant pas indiqué combien de personnes étaient visées par ces accusations, en raison des enquêtes toujours en cours.

Plusieurs des accusations ont été portées contre des citoyens américains, qui ont été arrêtés alors qu’ils tentaient de faire passer clandestinement des testicules, des pattes et des os péniens d’ours noirs à la frontière après être venus au Canada pour la saison de la chasse à l’ours, au printemps.

« La criminalité liée à la faune ne dépouille pas seulement notre environnement de ses ressources, elle a aussi des répercussions qui se traduisent par de la violence, du blanchiment d’argent et de la fraude, a fait valoir dans un communiqué Jürgen Stock, du Secrétariat général d’Interpol. Des opérations comme Thunderball sont des mesures concrètes qui ciblent les réseaux criminels transnationaux qui tirent profit de ces activités illicites. »

La police a également mis la main sur 440 défenses d’éléphants, plus d’une demi-tonne d’objets en ivoire, 2550 mètres cubes de bois et 2600 plantes.

Ces arrestations et saisies ont été déclenchées par une équipe internationale d’enquêteurs et agents des douanes réunie dans les locaux d’Interpol à Singapour. D’autres arrestations et poursuites pourraient survenir dans les semaines et mois à venir, indique Interpol, organisation internationale de police criminelle dont le siège est à Lyon.

Au total, ont été saisis 23 primates, 30 fauves, plus de 4300 oiseaux, près de 10 000 animaux marins dont du corail, des hippocampes, des dauphins et requins, près de 10 000 tortues et quelque 1500 autres reptiles.

AP

Des agents de la police de l'Environnement équatorienne présentent une tortue serpentine.

Les photos mises en ligne par Interpol montrent notamment des saisies de peaux de crocodile au Royaume-Uni, des dizaines de perroquets entassés les uns contre les autres dans une petite cage grillagée en Inde ou des poissons-zèbre morts pendant leur transport illégal au Brésil.

L’opération a remonté plusieurs filières de commerce illégal en ligne, permettant notamment l’arrestation de 21 personnes en Espagne et la saisie de 1850 oiseaux en Italie.

Dans un communiqué diffusé mercredi, Wildlife Conservation Society (WCS) a «applaudi» cette «perturbation massive de réseaux criminels», que cette ONG américaine juge «décisive pour sauver les animaux en danger à travers la planète».

«Ces saisies et arrestations constituent seulement le premier pas. Les gouvernements devraient maintenant assurer un suivi avec des poursuites solides et significatives. Les criminels faisant partie de ces réseaux doivent sentir tout le poids de la loi, des sanctions dissuasives et des peines de prison», insiste la WCS.

Il s’agit de la troisième opération de cette ampleur menée par Interpol, après 2017 et 2018, avec à chaque fois des saisies représentant plusieurs millions de dollars.

- Avec l'Agence France-Presse