(Montréal) Une machine inventée par des étudiants en génie de l’Université de Sherbrooke pour débarrasser les plages des microparticules de plastique qui les polluent a remporté samedi le premier prix d’une compétition internationale organisée à l’Université de la Californie à San Diego, a appris en primeur La Presse canadienne.

Les jeunes Québécois ont devancé 44 équipes représentant plus de 25 universités et 12 pays pour remporter l’édition 2019 du Fowler Global Social Innovation Challenge et décrocher le premier prix de 22 000 $ US dans la catégorie « Changemaker ».

« Le concept en tant que tel est assez simple, mais le procédé de tous les éléments ensemble ajoute de la complexité », a confié à La Presse canadienne un des instigateurs du projet, Samuel Duval.

La machine Hoola ONE est née d’un projet que les étudiants devaient compléter dans le cadre de leur baccalauréat en génie mécanique. Inspirés par la suggestion d’un ami, ils ont communiqué avec une organisation hawaïenne qui œuvre à nettoyer les plages de l’archipel.

Hawaii Wildlife Fund leur a confié que son plus grand défi était le nettoyage des microparticules de plastique, à savoir les débris qui mesurent moins de cinq millimètres. La machine des jeunes inventeurs est donc dotée de filtres capables de récupérer des microparticules mesurant jusqu’à 50 microns (un micron étant la moitié de l’épaisseur d’un cheveu humain).

Restait maintenant à la mettre à l’épreuve sur le terrain.

Une des pires plages du monde

La plage hawaïenne de Kamilo est considérée comme étant l’une des plus polluées du monde. C’est donc là que s’est rendue l’équipe de Hoola ONE fin avril, afin de tester sa machine dans des conditions réelles pendant deux semaines.

La remorque de trois mètres est amenée sur la plage devant être nettoyée. Un opérateur utilise alors le tuyau d’aspiration pour ramasser le mélange de sable et de plastique, qui tombe dans un réservoir d’emmagasinement.

Quand ce réservoir est plein, il est transvidé dans un grand réservoir de décantation qui a préalablement été rempli avec l’eau de la mer.

« Le but est […] de séparer les agrégats de sable et de plastique qui ont été faits, a expliqué Samuel Duval. Par décantation, le sable tombe au fond, le plastique remonte à la surface et flotte, et de cette façon, en créant un trop-plein dans le réservoir, on peut récupérer toutes les particules de plastique qui sont amenées vers des filtres allant jusqu’à 50 microns. »

Le sable propre est ensuite rejeté sur la plage.

On estime que 95 % des déchets de plastique se trouvent dans les premiers 15 centimètres de sable, mais la profondeur que peut nettoyer Hoola ONE ne dépendra que de la patience de l’opérateur. La machine peut traiter 15 mètres carrés par heure et doit être nettoyée périodiquement, en raison du contact avec l’eau salée.

« À Hawaii, on a pu valider notre concept, voir ce qui fonctionnait un peu moins bien afin de pouvoir améliorer notre prochaine version, a dit M. Duval. (Les écologistes hawaïens) nous ont suggéré pour le futur d’essayer de faire une version un peu plus petite, y aller avec le même concept, mais une version plus portative, et on travaille là-dessus présentement. »

Il confie toutefois que les défis d’ingénierie à surmonter avant d’en arriver à une version portable sont considérables.

Recherche de partenaires

Trois des douze étudiants originalement impliqués dans le projet s’y consacrent dorénavant à temps plein. Lors de leur retour au Québec, le 28 juin, ils exploreront quels partenariats ils sont en mesure de nouer avec des entreprises.

« On a déjà rencontré des partenaires potentiels au Québec, donc là ce sera de voir quelle décision on prend par rapport à tout ça », a confié Samuel Duval.

Leur visite à Hawaii leur a permis de réaliser que Hoola ONE est peut-être plus qu’un prototype, mais ils ne sont pas encore prêts à parler d’un produit fini.

« Il y a peut-être des petites modifications qu’on doit apporter, mais on a quand même des performances intéressantes avec ce qu’on a fabriqué et on est assez satisfaits », a dit M. Duval.

Mais paradoxalement, leur but ultime est de voir le jour où leur machine sera devenue inutile.

« Ce n’est pas une raison pour continuer à consommer autant de plastique. Il faut vraiment régler le problème à la source », prévient Samuel Duval.