Ville-Marie, c'est le centre-ville, c'est le Quartier des spectacles, c'est le CHUM à construire. Mais on ne fait pas qu'y travailler: 79 000 personnes y résident et sa population s'est accrue de 5,6% entre 2001 et 2006. Aperçu des demandes des résidants de cet arrondissement, à l'approche des élections du 1er novembre.

Tous ensemble, d'une seule voix: parcomètres, parcomètres, parcomètres.

Même quand ils voyagent en métro, même quand ils ont leur stationnement, les résidants de Ville-Marie n'en peuvent plus de ces parcomètres à 3$ l'heure.

 

«Les parcomètres, c'est un fléau! lance Stéphane Maestro, qui a lancé son propre journal, Le Métropole, un mensuel de quartier dans le Vieux-Montréal. Il y a une limite à trop vouloir faire passer le monde à la caisse. Il me semble, minimalement, que les jeudis et vendredis, après 18h, on pourrait laisser les gens se garer gratuitement.»

En plus de travailler dans le Vieux-Montréal, Stéphane Maestro y habite et, oui, il arrive qu'il reçoive des gens. Des visiteurs à qui il doit rappeler de ne pas oublier d'aller religieusement nourrir la bête.

Manon Lapointe, serveuse, vit et travaille au centre-ville. «Quand les parcomètres sont passés à 3$ l'heure, on a vu une énorme différence. À ce prix-là, les clients ne viennent plus, et ça fait toute une différence sur les pourboires.»

«Pour nos visiteurs, c'est un méchant casse-tête, dit aussi Nina Utrera, qui habite sur le boulevard De Maisonneuve. Ça coûte cher et les pancartes sont tellement compliquées!»

Rita, qui habite elle aussi en plein centre-ville, en a surtout, elle, contre les poubelles. Les poubelles de l'épicerie d'à côté - qui a payé quelques amendes, dit-elle, mais qui ne cesse de récidiver - et les montagnes de détritus des immenses tours d'appartements. «Moi, comme je le dis à mes enfants, je suis une femme de béton! Vous ne me verrez pas déménager du centre-ville. J'aime ça, la ville. Mais les poubelles, c'est l'horreur. Ça attire les coquerelles.»

Le fait que plusieurs personnes campent littéralement dans les rues et dans les parcs de l'arrondissement n'aide pas non plus à garder le secteur propre. Steeve Dumais, qui habite près du quartier gai, ne comprend pas que les sans-abri investissent les rares parcs de l'arrondissement, de jour comme de nuit. «C'est sûr que si tu cherches à les chasser des parcs, par des couvre-feux ou autrement, ils iront ailleurs, et c'est tout. Ce qu'il faudrait, c'est une véritable lutte contre la pauvreté.»

De toute façon, selon M. Dumais, ces parcs sont laids, «complètement bétonnés. Et ce n'est pas le parc Émilie-Gamelin qui donne envie d'aller jouer au frisbee avec ma copine.»

Mathieu Brunel, qui habite dans le Vieux-Montréal, dit que dans ce coin de Ville-Marie, l'esprit n'est pas très «famille» non plus. «Dans le coin, il y a un parc pour les chiens; pour les enfants, il faut aller très loin! Ne serait-ce pas possible de mettre un module ou quelque chose pour amuser les enfants, quelque part, dans le Vieux-Montréal?»

Mais n'est-ce pas le propre des centres-villes de ne pas être très adaptés aux familles? demande-t-on à Éric Michaud, porte-parole du groupe de pression Habiter Ville-Marie. «C'est ce qui fait la différence entre Montréal et d'autres villes nord-américaines: notre centre est habité, vivant. Maintenant, voudrait-on d'un centre-ville réservé exclusivement aux très riches? Historiquement, les plus pauvres vivent dans le centre et c'est normal: avec leurs revenus, ils n'ont pas les moyens d'avoir une auto.»

M. Michaud plaide pour la mixité et pour plus de logements sociaux, tout en étant conscient que ce quartier de contrastes crée des frictions. «Les propriétaires de condos à 300 000$ côtoient quelques-uns des pires îlots de pauvreté, sans compter que presque tous les refuges pour sans-abri se trouvent dans le Vieux-Montréal. Et tous les sans-abri et les toxicomanes ne figurent pas dans les statistiques.»

Ce qu'en disent les partis

En vrac, que disent les partis de tout ça? Quelles sont leurs priorités dans Ville-Marie?

Benoit Labonté, numéro deux de Vision Montréal et candidat dans Sainte-Marie, dit spontanément que l'important, pour Ville-Marie, c'est de faire venir plus de commerces à l'est de Papineau (rue Ontario), et plus d'entreprises dans le quartier de Télé-Québec.

Quand on lui soumet les récriminations des résidants de Ville-Marie, il les balaie d'un revers de main. D'abord, les parcomètres: «Les parcomètres, c'était une demande des commerçants. Il faut assurer une rotation (des clients en voiture) et je ne prévois pas de changement à ce sujet.»

Sur la propreté, M. Labonté, qui était le maire d'arrondissement de Ville-Marie, se targue d'être à l'origine du règlement sur la propreté et assure que de lourdes amendes sont infligées, amendes qui découragent la récidive. Quant à la question des sans-abri, selon M.Labonté, la police s'assure qu'il n'y en ait aucun dans les parcs entre minuit et 6h.

Sur la question des parcomètres, Sammy Forcillo, d'Union Montréal, commence par dire que dans le district qu'il représentait jusqu'ici - Sainte-Marie -, il s'est battu pour des parcomètres à 1$ l'heure, rues Amherst et Ontario. Il croit la question des parcomètres réglée. «Rue Sainte-Catherine, je n'ai pas vu de commerces fermer et dans mon porte-à-porte, les gens ne se plaignent pas de ça.»

Quant à la question du sentiment de sécurité, M. Forcillo signale que de l'argent a été investi pour l'éclairage dans les parcs, et que de l'argent a été donné pour aider les groupes communautaires qui s'occupent des sans-abri et des gens en difficulté. «Encore faut-il que les résidants s'approprient les lieux publics. Moi, j'ai toujours favorisé la cohabitation.»

 

Candidats par district

Le titre de maire d'arrondissement disparaît dans Ville-Marie. Le maire sera celui de Montréal.

Peter-McGill

Sammy Forcillo (Union Montréal de Gérald Tremblay). Membre du comité exécutif.

Denise Dussault (Vision Montréal de Louise Harel). Avocate en droit du divertissement.

Karim Boulos (Indépendant). Actuel conseiller et ex-membre de Vision Montréal.

Saint-Jacques

Catherine Sévigny (Union Montréal). Membre du comité exécutif.

François Robillard (Vision Montréal). Retraité d'Hydro-Québec.

Siou Fan Houang (Projet Montréal). A travaillé dans le domaine communautaire.

Sainte-Marie

Yves Pelletier (Union Montréal). Issu d'associations sportives locales.

Benoit Labonté (Vision Montréal). Actuel chef de l'opposition.

Pierre Mainville (Projet Montréal). Actuel conseiller d'arrondissement.