Stephen Harper n'a pas obtenu le mandat «d'imposer sa vision sans nuances» aux Canadiens, affirme Gilles Duceppe. Demandant au premier ministre de diriger le pays avec ouverture, hier, le chef du Bloc québécois a dévoilé une série d'exigences calquées de son programme électoral.

Même s'il se dit ouvert à la discussion avec tous les partis politiques pour faire avancer les intérêts du Québec, M. Duceppe a fait savoir qu'il ne ferait aucun compromis sur certains dossiers. Le fédéral doit en outre investir pour relancer l'économie manufacturière, rétablir les programmes culturels supprimés et régler le déséquilibre fiscal, dit-il.

 

«Nous avons un mandat clair par rapport à la plateforme que nous avons proposée, a-t-il affirmé, en faisant le bilan de sa campagne électorale. Et en tout temps, nous allons tenter de trouver les compromis qui sont nécessaires.»

Gilles Duceppe prévient que le gouvernement Harper devra permettre au Québec de faire bande à part s'il insiste pour serrer la vis aux jeunes contrevenants. Cette «politique répressive», explique-t-il, ne correspond pas aux valeurs québécoises. Il demande au premier ministre de respecter sa propre loi sur les élections à date fixe. Mais il refuse de s'engager à ne pas le renverser.

«C'est lui qui est premier ministre, a-t-il déclaré. C'est lui qui doit avant tout proposer des projets qui peuvent faire consensus, ou tout au moins rallier une majorité.»

Satisfait malgré le recul

Son parti a échoué dans sa tentative de reconquérir Québec et le Saguenay, et reculé de 4% dans les suffrages. Mais fort d'une récolte de 50 sièges à la Chambre des communes, Gilles Duceppe refuse d'y voir un message des électeurs.

Le chef bloquiste a esquivé les nombreuses questions sur la signification de cette baisse des appuis, hier matin, mettant plutôt l'accent sur les 50 circonscriptions remportées par ses troupes.

D'ailleurs, a-t-il fait valoir, Stephen Harper gouvernera le pays même s'il n'a obtenu que 37% des suffrages.

Le Bloc a récolté 38% des votes au Québec, mardi. Il en avait recueilli 42% en 2006 et 49% en 2004.

«On gagne 50 sièges sur 75, a déclaré M. Duceppe. Il n'y a pas un autre parti qui ne serait pas heureux d'un tel résultat.»

Le leader du Bloc avait bon espoir de ravir des sièges aux conservateurs à Québec ainsi qu'au Saguenay-Lac-Saint-Jean. C'est là qu'il avait passé les dernières journées de sa campagne. Or, seuls les électeurs de Louis-Hébert ont répondu à son appel. Partout ailleurs dans ces régions, le Bloc a fait chou blanc.

«Il y a eu une progression importante», s'est défendu le chef bloquiste.

Il fait valoir que son parti a fait bonne figure malgré la défaite dans Portneuf, gagné par André Arthur, et dans Roberval, remporté par le conservateur Denis Lebel.