Le chef du NPD, Jack Layton, a réclamé hier la tenue d'une rencontre au sommet avec les chefs des autres partis afin de faire le point sur la situation économique au Canada et évaluer les possibles retombées au pays de la crise hypothécaire aux États-Unis.

M. Layton a envoyé une missive en ce sens hier au premier ministre Stephen Harper, l'incitant à tenir une telle réunion qui permettrait, selon lui, d'entendre le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, et d'élaborer une stratégie commune en ces temps d'incertitude économique.

 

Cette rencontre pourrait avoir lieu ces jours-ci à Ottawa alors que les chefs se préparent pour les débats qui auront lieu mercredi soir en français et jeudi soir en anglais.

«Nous devons avant tout nous assurer que les économies, les retraites, les maisons et les emplois des familles laborieuses ordinaires sont en sécurité», a déclaré Jack Layton peu après l'annonce du rejet de la Chambre des représentants du plan de sauvetage de 700 milliards de dollars.

Mais les proches collaborateurs de Stephen Harper ont rejeté cette demande du leader du NPD. «Le NPD et les autres chefs de parti vont avoir l'occasion cette semaine de débattre non pas derrière des portes closes, mais devant tous les Canadiens des enjeux en cours. L'endroit pour avoir de telles discussions c'est en face de tous les Canadiens, pas derrière des portes closes», a affirmé le porte-parole du premier ministre, Kory Teneycke.

Dans un discours en soirée à Val-d'Or devant quelque 300 personnes, M. Harper a voulu se faire rassurant sur les derniers événements politiques et boursiers qui secouent les marchés américains.

«Malgré cette période d'incertitude économique mondiale, a-t-il dit, malgré la crise aux États-Unis, nous sommes sur la bonne voie. Mais nous devons demeurer vigilants, garder le cap.»

M. Harper a profité de l'occasion pour envoyer quelques salves au chef libéral Stéphane Dion.

«On n'a surtout pas besoin de la nouvelle taxe sur le carbone des libéraux, a-t-il lancé, une taxe qui va faire augmenter le prix de tout ce que vous achetez. Le plan économique de M. Dion se résume en six mots: une nouvelle taxe, un nouveau déficit. C'est assez simple.»

Le chef conservateur s'est ensuite attaqué avec virulence «au plan économique du Bloc», comme il a dit.

«Oh! Je vois des visages perplexes dans la salle, a-t-il ajouté. Des gens qui se disent: «Quoi, le Bloc a un plan économique? «. Et vous avez raison, le Bloc n'a pas de plan économique. Aucun. Zéro. Et même s'il en avait un, le Bloc ne pourrait pas l'appliquer car il ne formera pas le gouvernement.»

M. Harper a ensuite fait état de son bilan économique, de la baisse de la TPS, des budgets équilibrés, etc.

«Grâce à nos efforts, grâce à vos efforts, a-t-il affirmé, les bases de notre économie sont solides. Les Américains, les Britanniques, les Français nous envient. Nous avons le plus bas taux de chômage en 30 ans, le plus bas taux de taxes et d'impôts en près de 40 ans.»

Pour sa part, Stéphane Dion a émis un communiqué dans lequel il a exprimé son inquiétude quant aux possibles répercussions de la crise financière américaine sur l'économie et l'épargne des Canadiens.

Le chef libéral a aussi indiqué qu'un gouvernement libéral restaurerait la réserve de 3 milliards de dollars, comme ce fut le cas sous les gouvernements Chrétien et Martin. Il s'agit d'une «mesure de prudence abandonnée de façon totalement irresponsable par le gouvernement conservateur. Ainsi, le gouvernement fédéral libéral aura la marge de manoeuvre et les moyens nécessaires pour protéger les intérêts canadiens en temps de turbulences économiques».

Peu avant le vote des élus américains, M. Dion a vivement critiqué l'approche «conservatrice» de gestion de l'économie par les républicains, qu'il a associée à celle du Parti conservateur.

«La raison pour laquelle on en est là, et qu'on a un président américain qui subitement panique et arrive avec ces solutions de dernière minute, c'est parce que l'idéologie conservatrice ne marche jamais», a-t-il dit.

«C'est la même idéologie que partage M. Harper: une méfiance envers le rôle réglementaire des gouvernements», a conclu M. Dion.