Après avoir passé les derniers jours dans des circonscriptions bloquistes, Gilles Duceppe est passé à l'attaque, hier, transportant sa campagne à Québec et au Saguenay avec la ferme intention de reprendre des sièges perdus aux mains des conservateurs.

Devant 300 travailleurs syndiqués, le chef du Bloc a directement ciblé le ministre du Travail Jean-Pierre Blackburn, hier soir, l'accusant de n'avoir rien fait pour relancer l'économie de la région.

 

«Blackburn fait l'unanimité, mais contre lui», a-t-il scandé, ajoutant que le ministre est «complètement brûlé au Québec».

Le Bloc avait perdu des plumes au Saguenay-Lac-Saint-Jean lors des derniers scrutins. M. Blackburn avait causé la surprise, en 2006, lorsqu'il avait remporté Jonquière-Alma. Puis, lors des partielles de septembre 2007, l'ex-maire de Roberval Denis Lebel a remporté Roberval-Lac-Saint-Jean, un siège longtemps détenu par le député Michel Gauthier. Seul Robert Bouchard avait survécu dans Chicoutimi-Le Fjord.

Gilles Duceppe n'a pas caché son intention de balayer les trois sièges de la région, qu'il visite pour la deuxième fois depuis le déclenchement des élections. Il prévoit y revenir pour la troisième fois, lundi, à 24 heures du scrutin.

«J'ai une nouvelle à t'annoncer, tu vas avoir du renfort bientôt», a-t-il affirmé, s'adressant au député Bouchard.

Le chef a reçu l'appui de la FTQ, dont un leader a appelé les électeurs à montrer la porte à Jean-Pierre Blackburn «à coups de pied dans le cul».

Sortir le vote

Se sentant bien en selle à moins d'une semaine des élections, Gilles Duceppe a interpellé les Québécois pour qu'ils sortent en masse le jour du scrutin. Il estime qu'un fort taux de participation permettra à son parti de reprendre le terrain perdu en 2006. De passage à l'Université Laval, dans la Vieille Capitale, il a d'ailleurs utilisé les mots «vote» ou «voter» à 30 reprises dans un discours.

«Les appuis dans les sondages, ce ne sont pas des votes, a affirmé le chef devant près de 400 étudiants. Il suffirait que les Québécois tiennent pour acquis le résultat du 14 octobre et qu'ils n'aillent pas voter en masse pour qu'on se réveille avec une majorité conservatrice.»

Le campus est situé dans la circonscription de Louis-Hébert, que le parti a perdue par seulement 231 votes face au PC en 2006. Le Bloc espère venger cette courte défaite en mobilisant le vote étudiant, traditionnellement plus favorable.

Le parti avait presque été rayé de la carte à Québec lors des dernières élections, n'élisant qu'une députée sur cinq circonscriptions. Mais dans plusieurs cas, c'était par de minces écarts, notamment à Beauport-Limoilou (800 votes) et à Charlesbourg-Haute-Saint-Charles (1400 votes). L'entourage de Gilles Duceppe se dit sûr de reprendre du terrain, surtout à la lumière des derniers sondages.

Libéral ou conservateur?

Alors que des sondages indiquent une remontée des libéraux de Stéphane Dion, M. Duceppe s'est dit prêt à travailler avec le prochain gouvernement, peu importe qu'il soit bleu ou rouge.

«Ça va dossier par dossier, a-t-il indiqué. Dans le passé, le Bloc a travaillé autant avec le NPD que les libéraux et les conservateurs. On ne s'est jamais «barré les jambes» avec l'étiquette des partis.»

L'effritement du vote conservateur s'explique par les politiques proposées par Stephen Harper, estime Gilles Duceppe. Il estime que les projets des conservateurs, notamment les peines plus sévères pour les jeunes contrevenants, sont mal adaptés à la réalité québécoise.

«Le vieux fond réformiste revient à la surface, a-t-il analysé. D'autre part, on voit que leurs députés étaient à genoux devant Harper. Et là, c'est difficile de savoir s'ils sont à genoux, on ne les voit même pas.»