Une soirée arrosée, un article de fumeur oublié et l'absence de détecteur de fumée pourrait expliquer l'état critique dans lequel repose deux hommes dans la cinquantaine, retrouvés inertes dans l'incendie d'un triplex de Ville-Émard.

Tout a débuté vers 2h du matin, lorsque les pompiers ont reçu un appel concernant un incendie sur le boulevard Monk. Les flammes ravageaient un immeuble dans lequel se trouve un salon de coiffure au rez-de-chaussée et deux logements au-dessus. Les 65 sapeurs dépêchés sur place ont mis une heure à maîtriser les flammes.

Ils ont retrouvé les deux quinquagénaires en arrêt cardio-respiratoire dans l'appartement du deuxième étage, l'endroit où le feu a vraisemblablement pris naissance.

Une des victimes a été conduite au centre des grands brûlés de l'Hôtel-Dieu, l'autre au centre hospitalier de Verdun.

Par chance, une famille de six personnes logée à l'étage supérieur a pu s'extirper à temps du brasier.

Selon les pompiers, les détecteurs de fumée des deux logements ravagés n'avaient pas de piles. «On est en pleine semaine de prévention des incendies, c'est le temps de s'assurer d'avoir un détecteur de fumée et qu'il fonctionne! », a lancé le chef aux opérations du Service incendie de la ville de Montréal, Gilles Ducharme.

Il sauve sa famille

Debout devant les restes calcinés de son logement, Sean McLeod, 36 ans, avait du mal a refoulé ses sanglots. Les dernières heures ont été riches en émotions. Cette nuit, il a sauvé sa famille de son appartement en flammes, niché au troisième étage du triplex.

Il n'était pas assuré et il a tout perdu, mais Sean McLeod s'en moque : sa famille est saine et sauve. «J'ai sorti mes enfants par derrière, il y avait beaucoup de fumée noire. J'en ai respiré beaucoup, puisque je suis retourné trois fois à l'intérieur», a raconté ce matin M. McLeod, encore très secoué par les événements.

Lui, sa conjointe et leurs enfants de cinq mois, 8 ans, 11 ans et 13 ans dormaient à poings fermés lorsque le feu a pris naissance.

Contrairement à ce qu'ont affirmé les pompiers, il assure que son détecteur de fumée fonctionnait.

C'est même ce qui a réveillé sa conjointe, a-t-il précisé. «Ma blonde m'a levé, ça boucanait. Mes enfants criaient. Ma fille a voulu sortir par l'avant, elle a ouvert la porte et toute la fumée est entrée.»

M. McLeod, comme d'autres personnes interrogées, n'est pas surpris qu'une cigarette oubliée puisse expliquer le drame. «Ça a failli arriver il y a un mois et demie. C'étaient de bonnes personnes, mais qui buvaient beaucoup», a souligné le père de famille.

Les victimes sont connues dans le coin comme des gens de «party». «Je les voyais tous les jours sur leur balcon jouer du country», a ajouté M. McLeod.

Une des deux victimes était aussi connue pour avoir travaillé comme barman dans le bar situé quelques à quelques mètres au rez-de-chaussée. «C'était un ben bon gars, on le surnommait Coco, mais il buvait trop», a résumé Cindy Tétrault, barmaid de l'établissement et voisine des victimes.

L'autre victime grattait ses airs de Johnny Cash un peu partout devant les commerces des environs.

Rencontré sur place, son cousin était dans tous ses états après avoir entendu ce matin à la radio l'adresse de l'immeuble ravagé par les flammes. «C'est un gars enjoué et un excellent musicien, il a déjà fait un CD », a raconté, entre deux sanglots, Donald Dubé.

Plusieurs voisins ont été évacués, de même que les clients du bar, bondé cette nuit. Le travail des pompiers a empêché le feu de s'étendre.

Les dommages matériels causés au triplex par le feu s'élèvent à environ 250 000$.