Au lendemain de sa retentissante victoire, le nouveau premier ministre Justin Trudeau est allé serrer des mains et se prêter au jeu des égoportraits au métro Jarry, dans sa circonscription.

Le chef du Parti libéral du Canada (PLC) est débarqué vers 8h mardi matin dans la station située dans le comté de Papineau, où il a été réélu pour une troisième fois consécutive, lundi soir.

Une fois sur place, il a demandé aux agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et aux photographes de rester un peu à l'écart afin de lui laisser suffisamment d'espace pour aller à la rencontre de ses concitoyens.

Les libéraux de Justin Trudeau ont remporté lundi soir une victoire sans appel à l'issue d'une longue campagne électorale de 78 jours. Ils formeront un gouvernement majoritaire.

Après dix années de purgatoire à Ottawa, le PLC effectue donc un retour en force au gouvernement fédéral.

Le score est époustouflant pour une formation qui n'avait fait élire que 34 députés, dont sept au Québec, à l'élection de 2011.

Mais voilà que quatre ans plus tard, une marée rouge a remplacé la vague orange du Nouveau Parti démocratique (NPD) qui avait déferlé sur le Québec.

L'équipe de Justin Trudeau a fait élire 40 candidats au Québec contre 16 seulement pour le NPD, 12 pour le Parti conservateur et 10 pour le Bloc québécois.

«Chers amis Québécois, merci. Ce soir, le Canada retrouve un peu de lui-même. Ce soir, le Québec fait un véritable retour au gouvernement du Canada», a d'ailleurs souligné Justin Trudeau dans son discours de victoire à l'hôtel Reine Elizabeth de Montréal, lundi soir.

Plusieurs des vainqueurs québécois sont considérés comme ministrables.

Parmi les noms qui circulent figurent notamment celui de Mélanie Joly, qui l'a emporté dans d'Ahuntsic-Cartierville avec une majorité de près de 6500 voix sur la députée sortante Maria Mourani, qui se présentait sous la bannière néo-démocrate.

L'ancienne candidate à la mairie de Montréal n'a évidemment pas voulu spéculer sur les dossiers qu'elle aimerait porter si son chef lui confiait un tel poste.

«Ce sera à M. Trudeau de choisir, mais une chose est sûre, c'est que partout au pays, et en particulier au Québec, M. Trudeau va avoir l'embarras du choix», s'est contentée de répondre l'avocate de formation lundi soir en entrevue avec La Presse Canadienne.

La composition du prochain cabinet libéral devrait être connue d'ici quelques jours, mais beaucoup d'énergie sera également consacrée à la préparation en vue de sommets internationaux, dont le prochain G20 et la Conférence de Paris sur le climat, qui approchent à grands pas, selon son entourage.

Les autobus de campagne du PLC s'ébranleront pour une dernière fois afin de rentrer à Ottawa, où se tiendra un rassemblement en après-midi. M. Trudeau s'adressera aux médias en marge de cet événement.

Selon Élections Canada, les libéraux ont 184 candidats élus contre 99 pour le Parti conservateur, qui formera l'opposition officielle et qui devra se trouver un nouveau chef, puisque le premier ministre sortant Stephen Harper cédera sa place.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a seulement 44 députés à travers le Canada, et du côté du Bloc québécois, ce score est de 10. Le chef bloquiste Gilles Duceppe a été défait dans sa circonscription.

Il faudra maintenant voir ce que le premier ministre désigné, fort d'une majorité parlementaire, fera des promesses de réforme qu'il a formulées, souligne Sébastien Grammond, professeur titulaire à la Faculté de droit de l'Université d'Ottawa.

M. Trudeau a entre autres promis une réforme du mode de nomination des sénateurs et des juges à la Cour suprême du Canada et s'est engagé à «faire en sorte que l'élection de 2015 soit la dernière à utiliser notre système uninominal majoritaire à un tour», celui qui lui a donné près de 55 pour cent des sièges avec quelque 39,5% des voix, selon des résultats provisoires d'Élections Canada.

«Évidemment, tout ça, ce sont des réformes importantes. La seule question, c'est est-ce que le gouvernement, maintenant qu'il a obtenu une majorité, va avoir la motivation pour mener à bien toutes ces réformes-là?», a souligné M. Grammond en entrevue téléphonique.

Un autre pan sur lequel devra plancher le gouvernement Trudeau est celui du droit criminel, estime le professeur.

«Les conservateurs ont fait adopter depuis quatre ans avec leur majorité des projets de loi qui comportent un durcissement des peines (...) et de façon générale, tous sauf les conservateurs s'entendent pour dire que ces mesures n'étaient pas fondées ou nécessaires», a-t-il indiqué.