En panne dans les sondages et avec deux semaines à faire dans la campagne électorale, Michael Ignatieff hausse le ton, tandis que les conservateurs l'accusent de paniquer.

Le Parti libéral affiche une stratégie en deux temps depuis que son chef a repris la route à la suite des débats: des publicités plus agressives et des appels à la mobilisation plus pressants lancés leur chef.

Dans une assemblée à micro-ouvert à Sudbury, M. Ignatieff a cité Bruce Springsteen, en exhortant la foule d'environ 250 personnes à se lever debout («Rise Up!») pour barrer la route à ce qu'il décrit comme un adversaire coupable d'abus de pouvoir à répétition.

Citant les exemples d'Helena Guergis, des sénateurs conservateurs accusés de fraude électorale, de la tentative des troupes de Stephen Harper d'empêcher des étudiants de voter, il a martelé son appel en crescendo, entraînant la foule avec lui.

«Ça vient des tripes, parce que j'étais franchement et de façon personnelle dégoûté», a-t-il expliqué samedi matin en point de presse. La chanson de Bruce Springsteen est My City in Ruins.

«Petit à petit, vous assistez à ce pattern d'abus de pouvoir et vous voulez le dire aux Canadiens: Levez-vous! Maintenant, c'est le temps! Nous devons faire quelque chose pour arrêter cela.»

Nouvelles publicités

Ces appels du chef libéral coïncident avec la lancée d'une nouvelle campagne publicitaire dans les radios du Québec. On peut y entendre la lecture de deux lettres écrites par des partisans du Bloc québécois qui ont choisi de voter pour les libéraux pour «sortir Stephen Harper du gouvernement».

Au moment où le NPD monte dans les intentions de vote au Canada, mais surtout au Québec, et que les libéraux baissent légèrement, le PLC tente ainsi de se présenter comme la véritable alternative au gouvernement Harper -le seul vote stratégique valable.

Une nouvelle publicité sur le financement du système de santé et les risques liés à la réélection des conservateurs a soulevé la colère des troupes de Stephen Harper. Dans un message incendiaire envoyé à ses partisans, la directrice de la campagne conservatrice, Jenni Byrne a accusé le Parti libéral d'être en déroute et de se lancer dans une campagne de peur pour tenter de sauver les meubles.

«Comme nous l'avions prédit au début de la campagne, les Libéraux désespérés ont recours au mensonge et à la peur pour sauver leur campagne en pleine déroute. Ils se raccrochent à un semblant d'espoir», a-t-elle déclaré, faisant allusion à cette campagne publicitaire où les libéraux questionnent la volonté de Stephen Harper de maintenir le financement du système de santé.

«M. Ignatieff dit que notre pays est comme une dictature du Moyen-Orient et il fait allusion à la chanson My City of Ruins pour décrire le Canada, a-t-elle ajouté. On peut presque entendre la panique dans sa voix. Préparons-nous à ce que ses drôles d'attaques soient plus fréquentes et plus violentes. (...) Face au désespoir de M. Ignatieff, nous devons rester disciplinés. Nous devons nous en tenir à notre campagne positive et professionnelle.»

«Dans les circonscriptions où les Libéraux sont nos principaux adversaires, nous devons nous préparer à deux autres semaines de désinformation et de tactiques désespérées - des tactiques qui, nous le savons, vont se retourner contre eux. Dans les circonscriptions où le Bloc ou le NPD est notre principale opposition, nous devons nous préparer à une lutte rendue encore plus difficile par l'effondrement des libéraux», a conclu Mme Byrne.

Stephen Harper réagit

Plus prudent dans ces commentaires, le chef conservateur a réagi en soutenant que c'est plutôt les gouvernements libéraux qui ont coupé dans le passé dans les transferts en santé, alors que son gouvernement a respecté la progression des dépenses à ce chapitre, prévue dans l'entente sur la santé signée avec les provinces en 2004, sous Paul Martin.

«Le bilan de ce gouvernement est clair. Ce gouvernement a augmenté les transferts aux provinces en santé par 30% (6% par année, comme prévoit l'entente) Tous les transferts, envers le Québec, par exemple, ont augmenté, a souligné M. Harper. C'est complètement différent pour le Parti libéral. Le Parti libéral a coupé dramatiquement dans les transferts quand il était au gouvernement et tout le monde s'en souvient.»

«Un gouvernement libéral va couper dans la santé. Parce que c'est le résultat quand on fait des promesses qui ne sont pas abordables», a ajouté le chef conservateur, réitérant son engagement à maintenir au même niveau la progression des transferts.

Anciens premiers ministres

Michael Ignatieff est à Régina et à Edmonton samedi, où il sera joint par l'ancien premier ministre Paul Martin. Ils prononceront un discours dans l'ancienne circonscription de la libérale Anne McLellan, dans la capitale albertaine. Tous les sièges de la province sont occupés par des conservateurs sauf un, remporté par le NPD aux dernières élections.

Un autre premier ministre libéral se joindra à la tournée du chef dans les prochains jours: Jean Chrétien. MM. Chrétien et Martin étaient aussi venus prêter main-forte au prédécesseur de Michael Ignatieff, Stéphane Dion, en fin de parcours de sa campagne, en 2008.