Le chef du Bloc québécois se retire du comité chargé d'étudier les documents sur les prisonniers afghans.

«Nous avions fixé la date du 15 avril et nous avons eu la réponse. Les papiers sont prêts, mais le panel ne veut pas les rendre publics» a-t-il dit ce matin à Gatineau, quelques minutes avant de s'envoler pour Québec.

Le Parti conservateur et le Parti libéral, tous deux sur le même comité, souhaitent que le panel rende ces documents publics. «Les documents sont prêts, les trois partis veulent que ce soit fait. Que les juges obtempèrent!», a-t-il lancé.

Ignatieff veut permettre la publication

En point de presse à Ottawa vendredi matin, soit avant que Gilles Duceppe n'annonce son retrait, le chef libéral Michael Ignatieff a de nouveau lancé son invitation à ses homologues conservateurs et bloquistes de modifier leur entente pour permettre aux juges responsables de superviser le processus de relâcher ces documents durant la campagne électorale.

Il souhaite faire ces modifications le plus tôt possible, pour avoir les documents la semaine prochaine. Lors de son point de presse, tôt en avant-midi, il n'avait toutefois reçu aucune réponse de ses adversaires. Le Parti conservateur a annoncé jeudi qu'il était lui aussi ouvert à ce que les documents soient relâchés.

Dans une lettre envoyée aux trois leaders la semaine dernière, les deux juges du panel ont dit vouloir attendre jusqu'à après les élections pour présenter leur rapport, étant donné le fait que le Parlement ne siège pas.

«Les juges de la Cour suprême ont relancé la balle dans le camp des chefs des partis politiques, a-t-il dit. Nous croyons que les chefs des partis politiques pourraient s'asseoir ensemble, faire quelques amendements mineurs et obtenir la divulgation de ces documents.»

M. Ignatieff a tracé un parallèle avec un autre rapport, celui de la vérificatrice générale sur les dépenses du G8 et du G-20, qui a fait l'objet d'une fuite plus tôt cette semaine. «Parce que nous allons avoir des élections le 2 mai, les Canadiens devraient pouvoir jeter un coup d'oeil à ces questions, a-t-il insisté. Ce n'est pas une question des libéraux qui veulent faire des documents afghans un enjeu électoral... Pour moi, la question est: les Canadiens doivent connaître ces informations. C'est comme ça que la démocratie fonctionne !»

Toute cette question des documents afghans remonte à plusieurs années, lorsque des allégations de torture de prisonnier par l'administration Karzai ont fait surface. Ces allégations touchent des prisonniers transférés par les Forces armées canadiennes aux troupes afghanes.

En avril 2010, le président de la Chambre des communes a jugé que les parlementaires avaient le droit de voir ces documents. Les partis de l'opposition souhaitent entre autres déterminer si le gouvernement était au courant de la situation et ce qu'il a fait pour y remédier.

À la suite de cette décision, un comité spécial formé de deux députés de chaque parti impliqué a été formé. Le NPD a refusé d'y participer, au motif que le gouvernement n'était pas assez transparent. Un panel de trois juges a été chargé de superviser ce comité et de se prononcer sur quels documents peuvent être rendus publics et de quelle manière, afin de ne pas mettre la sécurité nationale en danger.

- Avec Hugo de Grandpré