Un ancien président du comité exécutif du Bloc québécois (BQ) dans Outremont milite pour le retrait de la candidate bloquiste de cette circonscription afin de favoriser la réélection du néo-démocrate Thomas Mulcair. Le Bloc oppose toutefois une fin de non-recevoir à cette proposition.

Réal Gingras, qui a été à la tête de l'association bloquiste d'Outremont de 1995 à 1997, fait d'emblée une précision: «Ce n'est pas une question de dissidence au sein du Bloc, dit l'Outremontois, qui se décrit comme un militant bloquiste. C'est une simple question de stratégie.»

Depuis une semaine, M. Gingras envoie des lettres aux différentes instances du BQ et aux médias pour promouvoir sa «stratégie»: le retrait de la candidate bloquiste, Élise Daoust. «Ni le Bloc ni le NPD ne veulent se retrouver avec (le libéral) Martin Cauchon dans Outremont, dit-il. Comme le Bloc ne peut prendre la circonscription, pourquoi ne pas faire une alliance avec le NPD?» Il souligne que le Bloc a obtenu 4554 voix aux élections de 2008, des votes qui pourraient assurer la réélection de M. Mulcair.

«Le Bloc a plusieurs points en commun avec le NPD, poursuit M. Gingras, qui travaille comme orthopédagogue à la Commission scolaire de Montréal. Tant qu'à présenter une candidate peu connue du public, qu'on se positionne clairement et qu'on retire sa candidature.»

Élise Daoust n'a aucunement l'intention de se désister. «Réal Gingras a le droit de faire ce qu'il veut, dit-elle. Mais nous, on fait notre campagne pour gagner. C'est clair depuis le début.»

Une candidate «poteau» ?

Le choix de la candidate bloquiste suscite des interrogations parmi les libéraux. Sa notoriété leur semble limitée: ex-championne canadienne d'escrime et titulaire d'un certificat d'agente immobilière, la jeune femme de 27 ans est propriétaire d'une glacerie de l'avenue Bernard.

Selon nos sources, le clan de Martin Cauchon soupçonne même le Bloc d'avoir conclu un pacte avec le NPD pour éviter de diviser le vote entre leurs deux candidats et ainsi nuire aux libéraux. On souligne que, depuis que Thomas Mulcair est candidat, le Bloc présente des candidats moins connus du public dans Outremont. Les votes semblent le refléter: en 2008, l'avocate Marcella Valdivia a récolté 4554 voix, près de trois fois moins que l'ex-ministre péquiste Jacques Léonard en 2006.

Si le Bloc présentait un candidat fort en 2011, cela pourrait-il permettre aux libéraux de se faufiler? «Ça fait évidemment partie du calcul», a répondu M. Mulcair lors d'une entrevue avec La Presse, jeudi dernier.

Dans les rangs bloquistes, on nie avec vigueur l'existence d'une entente de non-agression avec le NPD. Certains soupçonnent les libéraux de faire circuler cette «rumeur» pour faire sortir leur vote et les néo-démocrates de faire de même pour aller chercher des voix auprès des électeurs francophones.

Élise Daoust défend pour sa part la qualité de sa candidature. «J'ai un commerce ici, je côtoie les citoyens depuis plusieurs années et je parle beaucoup aux gens, dit-elle. Les électeurs savent que je vais continuer à être là après la campagne.»