Le premier ministre libéral, Dalton McGuinty, a dénoncé la garantie de prêt de 4,2 milliards de dollars promise jeudi dernier par Stephen Harper, plaidant que l'Ontario devrait aussi recevoir de l'aide d'Ottawa dans le secteur énergétique.

«Les Ontariens doivent comprendre que 40 pour cent des revenus d'Ottawa proviennent des impôts payés par les Ontariens, a fait valoir le premier ministre McGuinty. Alors quand le premier ministre s'engage à injecter une aide spécifique pour un projet spécifique de plusieurs milliards de dollars, 40 pour cent de cet argent vient des Ontariens.»

Quelques jours avant que M. McGuinty ne se lance dans la mêlée, le premier ministre du Québec, Jean Charest, avait durement contesté la garantie de prêt. Il avait plaidé que le Québec ne devait pas se voir opposer des concurrents dont la production serait soutenue par Ottawa.

Dalton McGuinty abonde dans le même sens. Le gouvernement fédéral, quel qu'il soit, devrait réserver un «traitement égal» aux provinces en matière d'énergie, a-t-il déclaré.

Il a en outre prévenu que «les Ontariens ne regarderont pas le train passer et ne resteront pas impassibles devant l'utilisation de leur argent pour subventionner le coût de l'énergie dans d'autres parties du Canada».

M. McGuinty a refusé d'évaluer le montant qu'il souhaitait obtenir d'Ottawa. Il a aussi soutenu qu'il soumettrait ses inquiétudes à l'ensemble des leaders fédéraux.

Un porte-parole de Stephen Harper a réagi lundi après-midi en soutenant que les conservateurs ne fermaient pas la porte à un éventuel investissement dans le secteur de l'énergie en Ontario.

«Nous sommes ouverts à toutes les propositions en ce qui concerne les projets de toutes les régions du Canada qui rencontrent les mêmes critères que celui du Bas-Churchill», a assuré Dimitri Soudas.

Les critères en question, a précisé le lieutenant conservateur de Stephen Harper au Québec, Christian Paradis, sont au nombre de trois: «que le projet soit d'envergure nationale ou régionale, qu'il engendre une diminution importante des gaz à effet de serre et qu'il soit économiquement viable».

Un peu plus tôt, lundi, M. Paradis avait déclaré que sur les trois chefs de parti qui ont manifesté leur accord face à ce projet, M. Harper était le seul à s'être engagé à être équitable partout au pays.

De son côté, le chef libéral, Michael Ignatieff, a affirmé que la fonction d'un bon gouvernement fédéral n'était pas de s'ingérer dans ce débat, mais plutôt de se demander ce qu'il peut mettre en oeuvre afin d'aider les provinces à travailler ensemble.

«Pour moi, ce n'est pas une question de jouer une province contre l'autre, de faire des cadeaux ici et pas de cadeaux là, mais de trouver une stratégie d'ensemble où nous disons: »Bon Dieu que nous avons de l'énergie verte dans ce pays. Qu'est-ce qu'on peut faire ensemble?«»

Les libéraux, tout comme les conservateurs, font donc le pari de mettre de l'avant les bénéfices environnementaux du projet du Bas-Churchill plutôt que d'alimenter les dissensions entre les provinces.

«Je travaillerais avec la province de Québec afin que son énergie verte soit reconnue aux États-Unis, parce que ça va aider le Québec», a indiqué Michael Ignatieff.

Christian Paradis a pour sa part maintenu que la garantie de prêt constituait une «bonne nouvelle» pour tout le pays en matière environnementale. «Je pense que c'est une bonne lancée pour notre pays en matière environnementale», a-t-il ajouté.