Stephen Harper a encore une fois refusé d'expliquer la raison pour laquelle il refusait d'accepter l'invitation de Michael Ignatieff d'organiser un débat en face-à-face, malgré les nouvelles pressions exercées par le chef libéral dans une lettre ouverte.

«Est-ce que c'est une stratégie pour éviter de commettre des erreurs ou est-ce la manière dont, à votre avis, des élections devraient être menées?», lui a demandé un journaliste, lors d'un point de presse à Dieppe, au Nouveau-Brunswick.

«J'ai été très clair quand on me l'a demandé, a répondu M. Harper. Notre position était que nous étions ouverts à toute une gamme de formules pour les débats. Nous aurions accepté le jugement des débats en bout de ligne.»

Mais «nous n'avons pas obtenu ce que nous demandions. Si les autres partis avaient une autre préférence, ils auraient dû le dire lorsque nous avons eu ces négociations.»

M. Harper a été le premier à mentionner la possibilité de débattre uniquement avec le chef libéral, mercredi dernier. Ce dernier lui a répondu sans attendre: «N'importe où, n'importe quand».

Or, le soir même, le consortium des télédiffuseurs, qui décident de la formule du débat des chefs, a annoncé sa décision: ce serait un débat à la mi-avril avec les quatre chefs de partis qui ont des sièges à la Chambre des communes.

Le chef libéral est revenu à la charge et a proposé d'organiser un autre débat, celui-ci uniquement avec son homologue conservateur et sans passer par le consortium.

Mais Stephen Harper a refusé, disant qu'il ne participerait qu'à un seul débat et qu'il passerait le reste de la campagne à poursuivre sa tournée à travers le Canada.

«Je vous encourage à revenir à votre proposition originale, et de tenir parole»,  lui a quand même écrit Michael Ignatieff dans une lettre ouverte vendredi.

«Je crois fermement que nos concitoyens canadiens méritent cette chance de comparer les visions de leadership des deux seules personnes qui puissent devenir premier ministre de notre pays à l'issue de cette élection.»



Autres questions sans réponse

M. Harper a refusé de répondre à deux autres questions qui lui ont été posées lors de ce point de presse.

La première portait sur les raisons pour lesquelles les journalistes qui suivent sa tournée n'ont droit de poser que quatre questions par jour. En comparaison, ses adversaires en acceptent beaucoup plus. Même dans sa campagne de 2008, il répondait au moins au double.

Mais pour la deuxième journée de suite, Stephen Harper et son équipe ont feint d'ignorer la question.

Le chef conservateur a aussi refusé de parler des attaques personnelles lancées par son parti à l'endroit de Michael Ignatieff dans des campagnes publicitaires. On y critique entre autres le fait que le chef libéral a passé beaucoup de temps à l'extérieur du pays. D'autres attaques visaient aussi sa famille, immigrée au Québec en provenance de la Russie.  

«Le Parti conservateur a dépensé des fortunes pour dire aux Canadiens que M. Ignatieff n'est pas un vrai Canadien, lui a fait remarquer une journaliste. Est-ce que vous pensez ces choses-là sur M. Ignatieff et sa famille?»

«Nos publicités citent M. Ignatieff lui-même. C'est à lui d'expliquer ces propos», a simplement répondu Stephen Harper.

Autre ré-annonce du budget

Comme il le fait presque chaque jour depuis une semaine, le chef conservateur, a visité une usine pour réitérer son engagement à mettre en oeuvre des mesures économiques déjà annoncées dans le budget rejeté par les partis de l'opposition avant le déclenchement de la campagne.

Vendredi, c'était au tour de six initiatives destinées aux travailleurs, dont : prolonger un programme d'aide aux travailleurs âgés; prolonger un autre programme qui vise à éviter les mises à pied par un système de partage de travail; élargir le Programme de protection des salariés, mis en place en 2008 pour couvrir les salaires et les paies de vacances impayées par une compagnie en difficulté; prolonger deux programmes d'assurance-emploi; et éliminer la retraite obligatoire pour les travailleurs dans le secteur fédéral.