Le gouvernement Charest ne tient pas à faire de vagues durant la présente campagne électorale fédérale, préférant intervenir si nécessaire, mais pas nécessairement, au cas par cas.

Au lieu de formuler par écrit une liste de 14 revendications précises aux leaders des partis fédéraux, comme la dernière fois, le gouvernement a donc choisi d'adopter une attitude plus conciliante et discrète.

Québec interviendra «à l'occasion», «de temps en temps», sur des sujets spécifiques, a dit le ministre des Affaires intergouvernementales, Pierre Moreau, lundi, en point de presse. «Nous allons intervenir de façon ponctuelle et à des moments choisis», a-t-il ajouté à propos de la stratégie du gouvernement.

Pourtant, selon l'opposition péquiste, Québec ne peut pas se permettre de pavoiser dans le dossier des relations fédérales-provinciales.

Car depuis la dernière élection fédérale, en 2008, le gouvernement Charest n'a obtenu gain de cause que dans un seul des 14 litiges identifiés alors entre Québec et Ottawa, a plaidé le député Bernard Drainville, soit celui du gisement Old Harry, qui a fait l'objet d'une entente annoncée la semaine dernière.

Mais selon le ministre Moreau, ce calcul est faux et le Québec a fait des progrès dans «six ou sept» de ces dossiers, a-t-il dit, sans élaborer pour dire lesquels et dans quel sens.

Au cours du prochain mois de campagne électorale, le Québec pourrait tout de même, s'il le juge à propos, faire valoir «à l'occasion» les positions traditionnelles du Québec ou ses positions sur des enjeux spécifiques, a indiqué le ministre Moreau, en marge d'une interpellation de deux heures en Chambre du député Drainville.

M. Moreau ne s'est donc pas offusqué du fait que le ministre conservateur Christian Paradis a dit au cours des derniers jours qu'un des dossiers prioritaires du Québec, soit la compensation attendue de 2,2 milliards $ pour l'harmonisation de la TPS et la TVQ, serait mis sur la glace durant la campagne électorale.

«Les négociations sont continues, elles progressent bien» dans ce dossier, selon M. Moreau, qui prend acte, sans s'en offusquer, qu'Ottawa ne prévoit faire aucune annonce de règlement du litige en campagne électorale.

Pourtant, en novembre, la position du gouvernement était bien différente, quand le ministre des Finances, Raymond Bachand, réclamait un règlement rapide, avant la campagne, à défaut de quoi il faudrait en faire un enjeu de la campagne électorale.

De manière générale, selon le député Drainville, le gouvernement fait preuve de passivité par rapport aux enjeux de la présente campagne électorale, une attitude inquiétante selon lui.

Or, la campagne devrait plutôt être l'occasion, pour le gouvernement, de «renforcer son rapport de force» envers Ottawa, selon M. Drainville. «Dieu sait qu'il ne manque pas de dossiers sur lesquels il devrait demander des engagements fermes», a-t-il ajouté.

Fin septembre 2008, en pleine campagne électorale, le premier ministre Charest avait expédié une lettre aux chefs de parti de la scène fédérale, les exhortant à s'engager à donner suite à une série de revendications du Québec, dont: les limites au pouvoir de dépenser d'Ottawa; la maîtrise d'oeuvre en matière de culture et de communication; le pouvoir de nommer des juges à la Cour suprême et des sénateurs; la hausse des paiements de transfert pour l'éducation postsecondaire au niveau de 1994-1995; un appui fédéral à la Bourse du carbone à Montréal; et le respect de la compétence du Québec en matière de valeurs mobilières.