L'ancien premier ministre canadien John Turner a un conseil bien simple à adresser au chef libéral Stéphane Dion au lendemain des élections: être à l'écoute et apprendre.

M. Turner a soutenu mercredi soir à l'Université de l'Alberta qu'une «défaite est une leçon et que l'avenir du Parti libéral est en jeu».

Il a dit croire qu'une reconstruction du parti en profondeur était nécessaire.

«Nous avons besoin de libéraux de partout au pays pour déterminer la direction à prendre», a affirmé M. Turner.

Mardi soir, les conservateurs de Stephen Harper ont décroché 143 sièges sur les 308 que compte le Parlement, alors que les libéraux ont dû se contenter de 76 sièges. Leur part du vote a chuté à 26 pour cent, soit seulement quatre points de pourcentage de plus que le pire résultat obtenu par le Parti libéral, en 1867.

M. Turner n'avait fait guère mieux en 1984, avec deux points de pourcentage de plus que le résultat de mardi. Il avait occupé le siège de premier ministre pendant moins de trois mois.

«Notre parti était solide, nous étions un peu à gauche socialement et un peu à droite économiquement. J'ai toujours cru que c'était l'équilibre qui caractérisait le Parti libéral», a-t-il déclaré.

Celui qui a aussi occupé différents postes dans les gouvernements de Pierre Trudeau et Lester Pearson a affirmé que le Parti libéral avait besoin d'une nouvelle génération, d'une nouvelle vision et d'un nouvel idéal.

M. Turner a refusé de critiquer la performance de Stéphane Dion et a dit avoir compris et accepté son «Tournant vert». Il a fait valoir qu'il s'agissait d'un plan environnemental fiscalement neutre et a indiqué ne pas savoir pourquoi les Canadiens ne l'avaient pas saisi.

L'ancien premier ministre a dit croire que les libéraux avaient subi un revers en raison de la division du vote au centre et à gauche de l'échiquier politique.

«Vous avez quatre partis politiques se partageant le même électorat. Ce n'est pas bon pour les libéraux, comme ce n'était pas bon pour les conservateurs quand le Reform Party était là», a-t-il fait valoir.

Mais M. Turner n'est pas chaud à l'idée d'unir ces partis.

«Je ne veux pas unir la gauche, je veux unir le centre», a-t-il lancé.