Alors que les Bourses plongeaient en raison de craintes généralisées d'une récession mondiale, le chef conservateur Stephen Harper a continué à se montrer optimiste, lundi, tout en se disant prêt à venir en aide au secteur bancaire en cas de besoin.

«Un premier ministre responsable ne peut pas prédire une récession quand l'économie n'est pas en récession», a plaidé M. Harper lors d'une conférence de presse tenue dans un centre d'amusement pour enfants, dans l'ouest d'Ottawa.«Nous ne sommes pas une île, a-t-il néanmoins reconnu. Nous ne pouvons pas prétendre et nous ne prétendons pas que nous allons échapper aux effets de ce qui se passe dans le monde.»

Ottawa pourrait devoir faire plus, a d'ailleurs admis le chef conservateur en réponse à un journaliste qui lui demandait s'il avait préparé un «plan B» en cas d'aggravation de la situation économique.

«Nous avons agi tôt pour éviter une telle crise, a-t-il martelé. (Mais) oui, nous avons d'autres plans, d'autres propositions si on doit aider le système banquier, s'il y a des problèmes (dans le) reste du monde qui nous touchent, mais je pense que nous (sommes) dans une meilleure position que les autres.»

Stephen Harper n'a pas donné plus de détails sur ses plans de contingence, sauf pour dire que le gouvernement suivait de près les mesures mises en oeuvre dans d'autres pays, notamment le plan de sauvetage de 700 milliards $ US adopté la semaine dernière par Washington.

«Nous examinons très attentivement les gestes qui sont posés afin de nous assurer que ceux-ci n'auront pas d'effet sur nous, a-t-il expliqué. Nous mettons donc en place des plans secondaires en cas de nécessité.»

Les stratèges conservateurs ont par la suite assuré que M. Harper faisait simplement allusion aux injections de liquidités qu'effectue la Banque du Canada sur une base régulière pour soutenir les prêts entre les banques. Le budget fédéral présenté en février a accordé à la banque centrale une plus grande latitude pour agir, ont-ils souligné.

Les conservateurs proposent des mesures «abordables» pour faire face aux difficultés alors que les partis d'opposition ne font que promettre des augmentations d'impôts, de taxes et de dépenses qui nuiront à l'économie, a répété M. Harper.

«Nous avons proposé des choses dans cette campagne électorale qui sont appropriées pour le moment», a-t-il insisté.

Même si plusieurs sondages laissent entrevoir un effritement de l'appui populaire aux troupes de Stephen Harper, on ne s'attend pas à ce que les conservateurs annoncent de nouvelles mesures économiques dans leur plateforme électorale, qui sera dévoilée mardi à Toronto. Il faut dire que lors du débat télévisé en anglais, la semaine dernière, M. Harper a accusé son adversaire libéral, Stéphane Dion, de «paniquer» pour avoir fait part des gestes qu'il poserait en faveur de l'économie dans les 30 premiers jours suivant son arrivée au pouvoir.

Flaherty réagit

Dans un communiqué diffusé lundi après-midi, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a convenu que la détérioration des marchés mondiaux du crédit commençait à «mettre à l'épreuve la capacité des institutions financières, même les plus solides, de recueillir des fonds à plus long terme, ce qui pourrait limiter l'offre de crédit à long terme aux entreprises et aux ménages au Canada».

«Le gouvernement du Canada demeure prêt à prendre toutes les mesures qui pourraient s'imposer pour protéger la stabilité du secteur financier canadien», a-t-il ajouté.

Lors d'une conférence, lundi, des économistes des cinq grandes banques canadiennes ont dit n'entrevoir aucune croissance dans l'avenir prévisible, allant jusqu'à prédire que la crise actuelle - caractérisée à la fois par l'effondrement du secteur résidentiel américain et la chute des cours des matières premières - pourrait se transformer en quelque chose de pire qu'une récession. D'autres analystes ont avancé que le gouvernement fédéral pourrait replonger dans l'ère des déficits.

Stephen Harper a qualifié ces prévisions de «pessimistes» et a promis de maintenir l'équilibre budgétaire.

«L'histoire a démontré qu'il n'y a pas de petits déficits, a-t-il mentionné. Une fois que le gouvernement perd sa discipline fiscale, il la perd complètement. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de déclarer des déficits (pour soutenir l'économie).»

Promesse familiale

Le chef conservateur a par ailleurs promis, lundi, d'indexer pleinement la prestation universelle pour la garde d'enfants, si son parti est reporté au pouvoir.

Un gouvernement Harper réélu ferait également en sorte que la prestation mensuelle, qui s'élève à 100 $ par enfant de moins de six ans, soit libre d'impôt pour les parents célibataires.

Chacune des deux mesures coûtera 50 millions $ par année aux contribuables, mais ne représentera que quelques dollars par année de plus dans les poches des parents visés.

«Nous ne prétendons pas que le gouvernement du Canada paie toutes les dépenses liées à la garde d'enfants», s'est justifié M. Harper.