C’est parce qu’elles sont restées « fidèles » à leurs revendications sur la composition de la classe que les enseignantes de Laval ont rejeté l’entente de principe conclue avec le gouvernement, estime le président du syndicat qui les représente.

Jeudi, le Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL) a rejeté à 68 % l’entente de principe conclue avec Québec. Il s’agit du premier syndicat membre de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) à se prononcer contre l’entente.

En entrevue avec La Presse, le président du SERL, qui avait recommandé le rejet de l’entente, dit que ses membres sont « restés fidèles aux positions qu’ils avaient au moment de la grève générale illimitée ».

« Lorsqu’on se promenait sur les lignes de piquetage, les gens nous parlaient de la composition de la classe, des conditions de travail, des conditions d’apprentissage des élèves, de l’école publique dans son ensemble. Les membres ont jugé que l’entente ne répondait pas à ces demandes-là », dit André Arsenault, qui est à la tête de ce syndicat depuis trois ans.

C’est selon lui ce qui a fait la différence, dans le vote de ses membres.

« Le gouvernement a décidé que lorsqu’il ne pouvait pas donner les services nécessaires, il allait donner une prime en argent aux enseignants. Ce n’est pas ça qui va rendre les conditions de travail meilleures, ce n’est pas ça qui va rendre les conditions d’apprentissage meilleures », poursuit-il.

Alors que la FAE et d’autres de ses syndicats affiliés gardent le silence jusqu’à la fin des votes de leurs membres, le président du SERL tient à remettre les pendules à l’heure : l’assemblée est souveraine, dit-il en substance.

Vendredi, des profs de Montréal et de Laval ont déploré la durée des assemblées générales et l’heure tardive à laquelle les votes ont eu lieu.

« C’est l’assemblée générale qui prend la décision », rappelle André Arsenault. « On a essayé de teinter le moins possible notre présentation. On a été neutres pour les gens puissent prendre leur décision », dit le président syndical.

Le taux de participation des profs du SERL au vote de jeudi est de 41 %. Environ 2700 enseignantes ont voté, sur un total de 6500. André Arsenault estime qu’il s’agit d’un « beau taux de participation », considérant, dit-il, que près de 3000 de ces membres sont à temps partiel ou font de la suppléance.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les membres de l’Alliance des profs de Montréal ont pour leur part choisi d’entériner l’entente de principe, dans une proportion de 52 %.

Avec près de 10 000 membres, ce syndicat pèse lourd dans la balance. Est-ce un dur coup, pour le syndicat des profs de Laval ?

André Arsenault rit quand on lui pose la question, mais refuse d’y répondre. Oui, l’Alliance des profs est « un gros morceau », admet-il.

Les votes des syndiqués affiliés à la FAE se poursuivront la semaine prochaine et jusqu’au 31 janvier. Jusqu’à maintenant, trois des neuf syndicats se sont prononcés. Deux ont voté en faveur de l’entente.

Le Syndicat de l’enseignement de la Pointe-de-l’Île (SEPÎ), à Montréal, a adopté l’entente de principe à 58,5 %. Le syndicat, qui représente 4384 enseignants du centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, avait recommandé à ses membres de rejeter cet accord de principe.

Avec Alice Girard-Bossé, La Presse