(Québec) François Legault implore les 66 000 enseignants de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) de cesser la grève parce qu’« on ne peut pas faire mal à nos enfants » et réitère qu’il est prêt à bonifier son offre. Il s’agit de « chantage émotif », rétorque le syndicat.

Pour une deuxième journée consécutive, les délégués de la FAE se réunissent ce vendredi pour soupeser leurs options, comme suspendre le débrayage en cours depuis le 23 novembre. Le syndicat tiendra une conférence de presse plus tard vendredi après-midi pour informer de la suite des choses.

Cette grève, « c’est mauvais pour nos enfants », a plaidé M. Legault dans une tentative manifeste de faire pencher la balance.

« On ne peut pas faire mal à nos enfants. C’est ce qu’on a de plus précieux », a-t-il insisté.

« Je suis prêt à tout faire. Il n’y a rien de plus important que nos enfants, donc on doit arrêter cette grève. Ça va nuire à la réussite de nos enfants. Il y a eu déjà la pandémie. Donc, il faut arrêter ça. S’il vous plaît, je demande à tous les syndicats d’enseignants d’arrêter les grèves. »

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

François Legault

François Legault a signalé que son message s’adresse à tous les syndicats d’enseignants. La CSQ, qui fait partie du front commun, sera en grève du 8 au 14 décembre à moins d’un revirement de situation aux tables de négociation.

Les réactions syndicales ont été immédiates et vives.

Il s’agit de « chantage émotif » de la part du premier ministre, a écrit la FAE sur les réseaux sociaux. « Ce qui fait mal à l’école publique, c’est la détérioration du système qui s’est exacerbée depuis que vous êtes au pouvoir », ajoute-t-on aussi.

« Si le premier ministre veut vraiment tout faire pour les élèves, au lieu de mettre de l’huile sur le feu, il doit donner des mandats clairs à ses négociateurs afin d’améliorer les conditions de travail de ceux qui leur enseignent, car il s’agit aussi des conditions d’apprentissage des élèves ! », a déclaré par écrit Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), qui représente 95 000 profs du Front commun.

La présidente de l’Alliance des professeurs de Montréal qualifie quant à elle la sortie du premier ministre de « mépris à l’endroit des enseignantes qui se tiennent debout ».

« Les gens ne sont pas dupes et savent que nos enfants subissent le manque de volonté du gouvernement à investir en eux. Nous retournerons en classe auprès de nos élèves lorsque le gouvernement s’engagera à appliquer un remède aux maux de l’école publique », a réagi Catherine Beauvais-St-Pierre dans une déclaration écrite.

La taille des groupes, « enjeu principal »

« L’enjeu principal » de la négociation, selon M. Legault, c’est la demande des syndicats de réduire la taille des classes. « On n’a pas d’enseignants pour faire ça », a-t-il plaidé. « Ce qu’on propose en échange, c’est ajouter une deuxième personne dans les classes. » L’offre du gouvernement prévoit l’ajout de 4000 aides à la classe pouvant intervenir dans 15 000 classes.

Les fonds nécessaires pour financer ces embauches se trouvent dans l’augmentation de la masse salariale de 3 % en cinq ans qui est réservée à des offres différenciées pour certaines catégories de travailleurs.

Le gouvernement a également mis sur la table des hausses salariales de 10,3 % sur la même période et un montant forfaire pour tous de 1000 $ la première année. Il n’a pas qualifiée son offre de finale, et le premier ministre assure qu’il est prêt à ouvrir ses goussets davantage.

Questionné sur le recours à une loi spéciale pour forcer un retour au travail, François Legault s’est limité à répondre qu’« on n’en est pas là ». Il n’exclut pas de s’impliquer directement dans les négociations en convoquant une rencontre avec les chefs syndicaux.

Dans le secteur de la santé, le gouvernement a besoin de modifier les conventions collectives pour avoir plus de « flexibilité », sans quoi « on n’arrivera jamais à améliorer les services », a-t-il insisté, déplorant l’attitude de la FIQ. Québec veut donner des primes aux infirmières « à certains endroits où il nous en manque », mais le syndicat tient à ce qu’elles soient offertes partout, « même où on n’a pas de problème de recrutement ». « Ça n’a pas de bon sens. Il faut revenir à l’a b c de la bonne gestion », a-t-il lancé. Il a réitéré qu’il est « prêt à améliorer les propositions financières ».

La FIQ réplique en disant que le premier ministre a tout faux et que des primes spéciales ne sont pas une nouveauté. Elle réclame que le salaire de ses membres qui travaillent la fin de semaine soit majoré de 50 % du taux normal, mais « c’est le gouvernement qui bloque ».