« Incompréhensible, dégueulasse, honteux » : des parents d’élèves de la Villa Sainte-Marcelline, une école privée de Westmount, sont indignés par la fin de non-recevoir de la congrégation religieuse propriétaire du bâtiment qui exige 12 millions pour son rachat, sans quoi l’établissement devra fermer dès l’an prochain.

Faute d’entente entre la congrégation religieuse et le « comité d’avenir » mis sur pied pour assurer la pérennité de cette école, fondée en 1959 et où étudient environ 500 filles au primaire et au secondaire, ses jours semblent comptés.

Sur son site internet, la direction générale de la Villa affirme avoir récemment présenté une offre « finale » à la congrégation en vue de renouveler le bail de l’école pour une durée de trois ans, avec une option d’achat des bâtiments, afin d’y prolonger les activités scolaires.

Des difficultés financières

Selon des documents consultés par La Presse, cette offre mettait de l’avant une somme de 2,8 millions pour prolonger le bail jusqu’en 2026 et 2 millions supplémentaires pour assurer le roulement de l’établissement dans les années suivantes

Or, la congrégation l’a rejetée. « Malheureusement, l’insolvabilité de l’institution, l’incapacité pour la Congrégation de continuer à éponger les déficits générés par la Villa, et les différents enjeux actuels liés au dynamisme de l’établissement ne nous ont pas encore permis de trouver un acquéreur solide ou d’offres réalistes pour nos immeubles », a indiqué la présidente du conseil d’administration de la Villa et déléguée régionale de la Congrégation, sœur Marielle Dion, dans un courriel acheminé à La Presse mardi.

Les Sœurs de Sainte-Marcelline affirmaient en octobre dernier avoir commandé des rapports d’ingénierie qui montrent « qu’environ 12 à 16 millions de dollars doivent être investis pour assurer la conformité et la modernité des bâtiments ».

Lisez l’article : « L’avenir incertain de la Villa Sainte-Marcelline »

Des « montagnes russes » d’émotions

Pour plusieurs parents d’élèves, c’est le choc. La Villa pourrait fermer ses portes pour de bon dès juin 2024 après que la congrégation s’est ravisée et a accepté de finalement prolonger le bail pour une dernière année.

« C’est incompréhensible, dégueulasse, honteux, c’est un gâchis total. La plupart des autres congrégations […] qui détenaient des immeubles en ont fait don à la société civile », souligne la mère de deux jeunes filles qui fréquentent l’établissement, Nakin Plaski.

Cette dernière dit devoir vivre avec « l’incompréhension » de sa plus grande fille, qui fréquente la Villa.

« Beaucoup, beaucoup de pleurs depuis le mois d’octobre, entre parents, élèves et enseignants. C’est très triste », témoigne Nakin Plaski.

« Je ne suis pas capable de me l’expliquer. Je ne comprends pas pourquoi on met en péril une école comme celle-là, sachant qu’il y a des solutions. Pourquoi ne sommes-nous pas capables de nous rencontrer à mi-chemin sur les solutions ? », déplore Catherine Lafontaine, dont les deux filles fréquentent la Villa.

« Est-ce que les profs vont partir ? »

Après avoir vécu comme un « choc » l’annonce du non-renouvellement du bail de l’école, en octobre, Catherine Lafontaine raconte les « montagnes russes » d’émotions pour ses filles à la suite des allers et retours des derniers mois.

Tous les parents consultés par La Presse envisagent déjà d’envoyer leurs filles dans d’autres écoles de Montréal, faute d’une autre solution. Ils ont jusqu’au 31 mai pour renouveler leur inscription à la Villa, sans quoi ils devront payer une pénalité s’ils décident ensuite de retirer leur enfant de l’établissement.

« La grande crainte, si on demeure une année de plus, c’est : est-ce que les profs vont partir ? Est-ce qu’il va y avoir 10 % d’élèves dans l’école ? On ne veut pas de longues funérailles pour nos enfants », explique Nakin Plaski.