Dans la foulée d’une agression ayant obligé le transport d’une enseignante par ambulance à l’hôpital, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) rappelle aux centres de services scolaires qu’ils doivent « protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique » du personnel scolaire.

En janvier, un élève d’une classe spécialisée a lancé un sablier à la tête d’une enseignante du Centre de services scolaire des Portages-de-l’Outaouais (CSSPO).

Dans son rapport, la CNESST somme ce centre de services scolaire de corriger neuf lacunes qui exposent ses travailleurs « à des risques d’agression » ou à « des lésions physiques et psychiques ».

D’entrée de jeu, la CNESST explique avoir eu du mal à entrer en contact avec le centre de services scolaire, qui n’a pas répondu à ses deux messages téléphoniques et qui a finalement dû être avisé de la visite de l’inspectrice par courriel.

La CNESST reconnaît, dans le même rapport, qu’« il est impossible pour l’établissement scolaire d’éliminer tous les types de comportements violents des élèves. En revanche, des moyens de contrôle doivent être mis en place pour limiter le risque de violence ».

Or, dans son inspection, la CNESST a identifié plusieurs lacunes. Entre autres choses : des formations insuffisantes en gestion de crise pour le personnel, une organisation du travail non sécuritaire, des procédures d’urgence déficientes, des classes incorrectement aménagées et un processus inadéquat d’enquête des accidents et des incidents.

Par exemple, les incidents ou accidents ne sont pas toujours consignés dans des rapports. Dans les classes spécialisées – accueillant donc notamment des enfants avec des troubles de comportement – se trouvaient encore, lors de la visite de l’inspectrice, quantité d’objets qui, à son avis, ne devraient pas se trouver dans une telle classe et qui pourraient servir de projectiles.

« Bouffée d’air frais »

Nathalie Gauthier, présidente du Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais, espère que ce rapport de la CNESST sera fondateur et qu’il servira « à tout le personnel scolaire du Québec » régulièrement exposé à de la violence.

Ce rapport, dit-elle, vient ordonner ce que son syndicat réclame à l’employeur depuis de nombreuses années. « Ça fait des années que rien n’est fait par rapport à la violence, qu’on dit aux enseignants qu’ils doivent eux-mêmes trouver les moyens de se protéger. »

Que la CNESST vienne dire noir sur blanc que l’employeur a l’obligation de tout faire en son possible pour assurer la sécurité du personnel scolaire, « c’est une bouffée d’air frais qui va dans le sens de nos revendications ».

Éric Pronovost, président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), a pour sa part déclaré que « quand on ne répond pas aux besoins en formation du personnel de soutien scolaire, on se retrouve dans des situations qui mettent à risque tous les membres du personnel et les élèves ».

Par courriel, le Centre de services scolaire des Portages-de-l’Outaouais a simplement dit poursuivre « la mise en place des mesures correctives demandées par la CNESST à l’École du Lac-des-Fées ainsi que dans les autres établissements scolaires qui le nécessitent ».