(Québec) En se donnant le pouvoir de nommer et de limoger les directeurs généraux des centres de services scolaires, Bernard Drainville corrige les échecs de la précédente réforme caquiste en éducation, estime l’opposition, qui l’accuse de s’en prendre à sa propre créature créée au moment d’abolir les commissions scolaires.

La Presse révélait mercredi que le ministre de l’Éducation1 déposerait ce jeudi à Québec un projet de loi dans lequel il se donnera des pouvoirs accrus dans la gestion du réseau scolaire. Dans une récente entrevue, en mars dernier, le premier ministre François Legault déplorait d’ailleurs que des directeurs généraux prennent des décisions qui ne plaisent pas toujours au gouvernement, et ce, avec l’accord de leurs conseils d’administration.

Ces dirigeants auront désormais des comptes à rendre au ministre. Le gouvernement s’arroge-t-il trop de pouvoirs ?

« Ce qu’ils vont faire, c’est qu’ils vont demander aux directeurs généraux d’être les porte-parole du Ministère en toutes circonstances [et] qu’ils ne se rapportent qu’au ministre. Il y a des conseils d’administration qui n’ont plus vraiment de pouvoirs dans les centres de services scolaires », a déploré Pascal Bérubé, du Parti québécois.

« Autrement dit, [Bernard Drainville] veut s’assurer d’avoir un contrôle total dans l’ensemble des structures. Je pense que ce projet de loi ne rapporte rien au réseau, sinon au ministre. […] C’est une autre démonstration du pouvoir que le gouvernement de la Coalition avenir Québec veut s’arroger », a-t-il ajouté.

Un « échec massif »

Pour André Fortin, du Parti libéral du Québec, cette nouvelle réforme en éducation est la preuve d’un « échec massif » du gouvernement de la CAQ en matière de gouvernance scolaire.

« Ce qu’ils nous disaient, c’est [qu’ils donnaient] plus de pouvoirs aux parents. Aujourd’hui, on voit des groupes de parents qui se battent à Montréal pour avoir des services et à Laval parce que les frais sur l’heure du lunch sont démesurés. J’espère que la prochaine réforme, peu importe la mouture qu’elle aura, donnera plus de place aux parents », a-t-il énuméré.

« Si le ministre Drainville veut nous proposer une autre réforme de structures, c’est un constat clair d’échec envers celle qui avait été proposée et adoptée par le ministre Jean-François Roberge », a ajouté M. Fortin.

Dans sa réforme, Bernard Drainville créera aussi un institut national d’excellence en éducation. Ce nouvel organisme sera au réseau scolaire ce que l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) est au réseau de la santé. Or, les syndicats d’enseignants y ont toujours été opposés.

Pour le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, il faudra surtout examiner dans le projet de loi du ministre de l’Éducation les solutions qu’il apporte à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée en éducation.

« Il manque de profs et il manque de professionnels. Comment ramène-t-on ces gens dans le système d’éducation ? Si la réforme Drainville ne répond pas à ça, elle passe à côté du problème numéro un en éducation en ce moment », a-t-il dit.

1. Lisez l’article « Réforme Drainville : plus de pouvoirs au ministre, un nouvel institut »