Le Délit, seul journal francophone de l’Université McGill, est en péril. Selon une publication partagée sur les réseaux sociaux, « il risque de devoir fermer après 45 ans d’existence ».

« Que vous soyez à McGill ou non, vous pouvez nous aider en votant et en relayant ce message », a publié sur Twitter Rafael Miro, étudiant en journalisme qui a longtemps contribué à cet hebdo.

Publié en format papier et en ligne, Le Délit est financé en grande partie par les étudiants qui versent une cotisation de 6 $ par semestre à la Société des publications du Daily (SPD), un organisme sans but lucratif qui regroupe le journal étudiant anglophone McGill Daily et son pendant francophone, Le Délit.

Depuis le 14 novembre et jusqu’à vendredi, les membres de l’association étudiante doivent décider s’ils acceptent de continuer à contribuer à son financement, dans le cadre d’un référendum en ligne.

« La plupart des étudiants ne sont même pas au courant du vote », écrit Rafael Miro. « À date, les pronostics ne sont pas très bons pour nous. »

Si le « oui » l’emporte, le financement étudiant sera renouvelé pour les cinq prochaines années. Dans le cas contraire, le journal devra cesser ses opérations.

La publication relayée sur Instagram avait récolté plus de 2600 mentions « j’aime », en fin de journée, mercredi.

« Ça fait des années que des gens voudraient voir Le Délit fermer ses portes, sous seul prétexte qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un journal francophone à McGill, continue M. Miro. Dans les dernières semaines, nos kiosques ont même été vandalisés plusieurs fois (sans qu’on sache par qui). On dérange, c’est ben la preuve qu’on fait notre job ! »

McGill compte 20 % d’étudiants francophones, rappelle-t-il.

Avec l’apparition des réseaux sociaux, Le Délit dit avoir vu ses revenus publicitaires être « divisés par 20 » au cours des 10 dernières années.

Les fonds perçus par la Société des publications du Daily servent à imprimer Le Délit et le McGill Daily, à payer les salaires des employés qui travaillent à la publicité, en plus de fournir une aide financière « modeste » aux rédacteurs qui y collaborent.

Ce n’est pas la première fois que Le Délit doit se battre pour assurer sa survie. Tous les cinq ans, les membres de l’association étudiante doivent se prononcer sur son financement, dans le cadre d’un référendum.

« Il y a une campagne de désinformation en ligne pour inciter des gens à voter non », déplore la rédactrice en chef du journal Le Délit, Gabrielle Genest. « Il y a des gens qui disent que ça ne vaut pas la peine, qui ne trouvent pas nos journaux pertinents. D’autres qui dénoncent, par exemple, le 6 $ de frais, qui, en passant, n’a pas été augmenté depuis 2008. »

L’avenir du McGill Daily, le plus ancien journal étudiant indépendant de McGill, fondé il y a 111 ans, est aussi en jeu dans la mesure où cette publication est aussi largement financée par les étudiants.

Un « non » au référendum entrainerait la fin des deux publications, précise le comité de rédaction du McGill Daily sur son site web : « Il priverait la communauté mcgilloise d’importantes sources d’information, de discours, d’investigation et de créativité. »

La rédactrice en chef Gabrielle Genest ajoute que les deux journaux se mobilisent et travaillent ensemble pour inciter les étudiants à voter « oui ». « C’est notre référendum à tous les deux », dit-elle.