À un an de finir son primaire, un élève de Laval doit quitter son école de quartier parce que celle-ci déborde. Une situation dénoncée par sa mère, qui ne comprend pas qu’on déplace des enfants sans plus d’égards.

« La cassette des protocoles, je ne suis plus capable. Je ne veux plus l’entendre. »

Depuis qu’elle a appris que son fils devrait changer d’école pour sa toute dernière année du primaire, Sylvie Vermette a multiplié les démarches pour tenter de faire infirmer cette décision. Les réponses se suivent et se ressemblent : le protocole du centre de services scolaire de Laval (CSSDL) a été suivi, Nathan doit quitter l’école qu’il fréquente depuis six ans.

C’est au printemps que Sylvie Vermette a été informée que puisque l’école Sainte-Dorothée débordait, on cherchait des « volontaires » qui accepteraient d’aller dans un autre établissement du quartier.

Sans surprise, les parents souhaitant voir leur enfant changer d’école n’ont pas afflué, si bien que quelques semaines plus tard, la mère a reçu un autre courriel.

« Comme les volontaires pour un changement d’école n’étaient pas assez nombreux, nous sommes dans l’obligation de transférer des élèves dans une autre école », y lit-on.

Ce qui indigne d’autant plus la mère, c’est que Nathan est le seul élève de 6e année à devoir quitter ses camarades, ce que confirme le CSSDL.

C’est la dernière année du primaire, mon fils est enraciné. Et là, il faut lui dire : ce n’est plus ton école.

Sylvie Vermette, mère de Nathan

L’école primaire Sainte-Dorothée comptait cette année 12 élèves en trop. De ce nombre, combien d’enfants fréquentant déjà l’école ont été déplacés ? Il a été impossible d’obtenir cette information auprès du CSSDL, lundi.

Que ce soit dans cette école ou une autre, « la façon dont on traite les enfants est inadmissible », dit Sylvie Vermette. N’y a-t-il pas d’autre solution pour ces élèves que de les retirer d’une école qu’ils fréquentent depuis des années ?

Plusieurs plaintes des parents

Au CSSDL, on explique que le nombre d’élèves est en croissance dans plusieurs secteurs de la ville.

« Malgré le fait que plusieurs projets de construction et d’agrandissement ont été réalisés au cours des dernières années et que d’autres sont en cours et à venir, le nombre d’inscriptions dans certaines écoles dépasse le nombre de places disponibles », écrit Annie Goyette, porte-parole du CSSDL.

Le Comité de parents de Laval constate que les « transferts obligatoires » sont un des motifs de plaintes les plus fréquents des parents.

« On arrache un enfant de son milieu. Pour un adulte, c’est comme perdre sa job et aller travailler à un endroit qu’on n’a pas choisi. C’est assez gros, comme changement », dit son président Sylvain Martel.

Je comprends les parents : si ça arrivait à ma fille, je capoterais.

Sylvain Martel, président du Comité de parents de Laval

Avant d’en arriver à de tels transferts, tout a généralement été tenté pour faire entrer le plus grand nombre d’élèves possible, note-t-il toutefois. « Les profs le savent que leur classe va être pleine au maximum », illustre M. Martel.

Et une fois qu’on a déterminé qu’il y a trop d’élèves dans un établissement, des règles s’appliquent. Le CSSDL utilise un système de pointage pour déterminer quels élèves devront changer d’école. On prend en compte la fratrie, le lieu de résidence, le fait qu’un élève ait déjà été changé d’école dans le passé, par exemple.

Bureaucratie

« Ça reste de la bureaucratie : s’il y a trois élèves de trop dans une école, il faut en sortir trois. C’est un dilemme entre le bien du groupe et le bien individuel, et c’est plate quand ça tombe sur toi », dit Sylvain Martel.

Sylvie Vermette et son fils sont à même de le constater. « Nathan est anxieux par rapport à la rentrée scolaire, il réalise qu’il n’a aucun ami dans l’autre école », dit la mère, qui entend se battre jusqu’à la première journée de classe pour faire valoir son point de vue. En plus des médias, elle a interpellé son député.

Le protecteur de l’élève du centre de services scolaire a beau avoir rejeté la plainte de la mère parce que, dit-il, « les critères objectifs prévus à la politique [du centre de services scolaire] ont été respectés », il reconnaît dans sa décision que le cas de Nathan soulève « des éléments de réflexion ».

« Le conseil d’administration pourrait se demander si, pour les élèves de 6e année, on pourrait être plus créatif pour éviter des transferts », conclut Claude Provencher.

C’est aussi ce que demande Sylvie Vermette : qu’on ne déplace pas les élèves comme des pions.