Au cours de l’été, 10 fois plus d’élèves allophones se sont inscrits dans les écoles du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) qu’à la même période l’an dernier. Ils seront près de 1000 jeunes de plus à apprendre le français dans les classes d’accueil en ce début d’année scolaire.

Au total, indique le CSSDM, 988 élèves ont été admis en classe d’accueil depuis le 30 juin, comparativement à 110 élèves à la même période l’année dernière.

Les classes d’accueil sont destinées aux élèves allophones, qui y apprennent le français avant d’intégrer une classe ordinaire. Le nombre de ces classes avait fortement diminué en raison de la pandémie, mais depuis que les frontières sont rouvertes, les centres de services scolaires doivent à nouveau s’ajuster.

Depuis le début du mois de juin, le centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys, dans l’ouest de l’île de Montréal, a inscrit plus de 450 élèves en classe d’accueil, les trois quarts étant des élèves du préscolaire et du primaire, et les autres des jeunes qui fréquenteront les écoles secondaires.

C’est environ deux fois plus d’élèves qui ont été inscrits cet été qu’à la même période l’an dernier.

Le centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île a pour sa part inscrit 165 élèves à son service d’accueil depuis le 1er juin, mais tous ne se retrouveront pas dans une classe langagière, précise-t-on.

Directrice générale du Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI), Anait Aleksanian observe que la période estivale est traditionnellement « très achalandée » en matière d’immigration.

Souvent, les personnes immigrantes attendent la fin de l’année scolaire dans leur pays et elles viennent s’installer au Québec. On le sent beaucoup plus cette année parce qu’il y a eu une accalmie pendant la pandémie.

Anait Aleksanian, directrice générale du CACI

Pour les familles immigrantes, l’éducation des enfants, c’est la priorité, dit Anait Aleksanian. « Souvent, les nouveaux arrivants immigrent pour que leurs enfants aient un meilleur avenir. L’éducation, c’est en haut de la liste », observe-t-elle.

Une rentrée « compliquée »

Dans le contexte de la pénurie de personnel, ces nouveaux élèves viendront-ils exercer une pression supplémentaire sur des écoles ?

La présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire, Kathleen Legault, estime que la rentrée — qui aura lieu dès vendredi dans deux des trois centres de services de l’île de Montréal — sera « compliquée ».

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES)

S’il y a de nouveaux arrivants, ça prend de nouveaux enseignants. Ça veut peut-être dire qu’on sera davantage frappé par la pénurie dans la région de Montréal cette année.

Kathleen Legault, présidente de l’AMDES

Quand les élèves allophones se sont faits plus rares, les enseignants spécialisés qui travaillaient auprès de ces jeunes sont allés dans des classes ordinaires, observe Mme Legault.

« On a peut-être perdu des profs en chemin », dit pour sa part Catherine Beauvais St-Pierre, présidente de l’Alliance des profs, qui représente les enseignants du CSSDM.

Certains se sont fait dire qu’ils n’auraient pas de travail en classe d’accueil cette année, et en conséquence, ils ont peut-être choisi d’aller travailler dans d’autres centres de services à l’extérieur de Montréal, avance-t-elle.

« Les élèves qui arrivent au Québec ont besoin d’apprendre le français avec des enseignants spécialisés dans cette tâche », dit-elle. Ce sont des enseignants de français langue seconde qui sont chargés d’apprendre la langue à ces nouveaux élèves.

Dans bien des cas, ils aideront leurs parents à naviguer en français au Québec, dit Anait Aleksanian, du Centre d’appui aux communautés immigrantes.

« Les enfants apprennent très vite le français. Souvent, ce sont eux qui aident les parents à faire la traduction », dit Mme Aleksanian.

En savoir plus
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    Nombre de pays d’où sont originaires les nouveaux élèves accueillis par le CSSMB depuis le 1er juin. Y figurent entre autres l’Ukraine, l’Afghanistan, la Libye, l’Angola et la Colombie.
    Source : Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB)