Contrairement à la Colombie-Britannique, à l’Ontario et au Nouveau-Brunswick, le gouvernement du Québec n’a pas dévoilé pour l’instant combien il a dépensé pour améliorer la ventilation et la qualité de l’air dans les écoles depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Il en coûtera probablement plus cher au Québec pour améliorer la qualité de l’air, puisque 54 % de ses écoles publiques n’ont pas de système de ventilation mécanique. Il s’agit d’un ratio beaucoup plus élevé que dans d’autres provinces.

Trois provinces ont confirmé à La Presse le montant de leurs investissements en matière de ventilation dans leurs écoles depuis l’automne 2020 : 122 millions pour la Colombie-Britannique, 600 millions pour l’Ontario et 13 millions pour le Nouveau-Brunswick1. Certaines des provinces avaient déjà rendu ce chiffre public avant la demande de La Presse.

En janvier, le gouvernement Legault disait avoir investi « des centaines de millions de dollars » depuis le début de la pandémie pour améliorer la qualité de l’air dans les écoles, sans donner de chiffre précis. Québec promettait de faire un bilan de ces dépenses au cours « des prochains mois ».

« La qualité de l’air est tellement un dossier important pour notre gouvernement qu’une annonce sera faite à ce sujet très bientôt », a indiqué mardi par courriel le cabinet du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge. Le ministère de l’Éducation a aussi affirmé que « les actions entreprises pour la qualité de l’air et les dépenses y étant reliées seront dévoilées prochainement ».

Ce qu’on sait pour l’instant : Québec a utilisé pour la ventilation 20 millions des 432 millions de dollars versés par le gouvernement fédéral à l’automne 2020 afin d’assurer une rentrée scolaire sécuritaire malgré la COVID-19. La ventilation était l’une des priorités du programme fédéral, mais les provinces pouvaient dépenser l’argent « en fonction de leurs priorités en éducation », selon Ottawa. Québec avait aussi accordé 190 millions aux centres de services scolaires ; il est possible qu’une partie de cette somme ait servi à améliorer la ventilation.

Plus de la moitié des écoles publiques sans ventilation mécanique

En théorie, la facture pour améliorer la qualité de l’air pourrait être beaucoup plus importante au Québec que dans d’autres provinces.

La raison : il y a davantage d’écoles sans système de ventilation mécanique.

Environ 54 % des écoles publiques de la province n’ont pas de système de ventilation mécanique, contre 20 % des écoles publiques au Nouveau-Brunswick et moins de 5 % en Colombie-Britannique2.

De façon générale, un système de ventilation mécanique est la meilleure solution en matière de qualité de l’air dans les écoles – ce qui permet notamment d’y diminuer la propagation de la COVID-19. On peut aussi installer un échangeur d’air, ouvrir les fenêtres et les portes, ou installer un purificateur d’air pour améliorer la qualité de l’air dans une classe. Les experts ne s’entendent toutefois pas tous sur la meilleure de ces trois mesures. Ces mesures correctives ont généralement lieu dans les écoles sans ventilation mécanique. À titre d’exemple, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick ont installé des purificateurs d’air dans leurs classes sans ventilation mécanique.

Un système de ventilation mécanique « est la meilleure solution pour le moment à coût raisonnable, dit le virologue Benoit Barbeau, professeur à l’UQAM. Ouvrir les fenêtres est aussi une bonne façon de faire circuler l’air. L’important, c’est de faire circuler l’air constamment pour que l’air de mauvaise qualité ne stagne pas dans une même pièce ».

De son côté, le Québec prévoit d’avoir fini d’installer des lecteurs de CO2 dans ses 90 000 classes d’ici la fin de février. Fin janvier, ces lecteurs étaient déjà tous opérationnels dans les 52 000 classes sans ventilation mécanique – les classes les plus à risque. À partir de 1500 ppm de CO2 dans une classe, Québec estime qu’il faut apporter des mesures correctives, que ce soit ouvrir davantage les fenêtres ou installer un échangeur d’air.

Combien Québec dépensait-il avant la pandémie ?

Québec n’a pas voulu indiquer non plus ce qu’il a dépensé pour améliorer la ventilation et la qualité de l’air dans les écoles dans les trois années précédant la pandémie, soit de 2017-2018 à 2019-2020.

Le ministère de l’Éducation sait-il combien il a dépensé pour améliorer la qualité de l’air dans les écoles au cours de chacune des cinq dernières années ?

Quand on lui demande le total annuel dépensé pour les travaux « visant à corriger les problèmes de moisissures et de qualité de l’air dans les écoles », le ministère de l’Éducation répond que « ces montants ne sont pas disponibles de manière aussi précise » car l’information n’est pas disponible.

Toutefois, Québec précise connaître « la hauteur des investissements annoncés qui sont [destinés] à la qualité de l’air ». Quels sont ces sommes pour les années 2017-2018 à 2021-2022 ? Le ministère de l’Éducation indique que ces dépenses « seront dévoilées prochainement ».

Chaque année, dans le cadre de l’étude des crédits budgétaires, le ministère de l’Éducation dévoile combien il dépense au total pour rénover ses infrastructures, principalement les écoles. Le ministère de l’Éducation a dépensé 1,185 milliard pour le maintien de son parc d’infrastructures en 2019-2020 et prévoyait dépenser 762 millions en 2020-2021 ainsi que 1,475 milliard en 2021-2022. Ces dépenses ne sont toutefois pas ventilées de façon assez précise pour connaître la somme consacrée à la ventilation et à la qualité de l’air.

1. La Presse a indiqué cette information à cinq provinces, soit les quatre plus importantes (Ontario, Québec, Colombie-Britannique, Alberta) et le Nouveau-Brunswick, une province voisine du Québec. L’Alberta a répondu, mais sans donner un chiffre total précis. Elle a indiqué que parmi les 250 millions de financement additionnel accordés aux autorités scolaires en 2020, au moins 44 millions ont été consacrés à l’amélioration des systèmes de ventilation, selon les données disponibles.

2. La Colombie-Britannique n’a pas de chiffre pour toute la province, mais se base sur un sondage mené auprès de 20 de ses 60 commissions scolaires.