L’Université du Québec à Montréal (UQAM) s’est défendue mardi de nourrir les « préjugés à l’endroit du travail du sexe » dans la foulée de sa poursuite de 125 000 $ contre une étudiante pour la publication de photos jugées « indécentes ou pornographiques » sur les réseaux sociaux.

« En aucun cas, l’UQAM n’a souhaité ni ne souhaite proscrire la liberté d’expression, une valeur qui lui est chère. Elle ne nourrit pas non plus de préjugés à l’endroit du travail du sexe. Elle réitère le fait que les procédures judiciaires n’ont aucunement pour but d’interdire à l’étudiante de diffuser des photos intimes d’elle-même sur les réseaux sociaux ou autrement », a-t-on indiqué dans un communiqué diffusé mardi.

Lundi, l’avocat d’Hélène Boudreau, MDavid Banon, avait confirmé à La Presse que les procédures judiciaires à l’endroit de l’étudiante avaient « reportées indéfiniment ». Selon l’Université, cette entente a été finalisée le 31 mars, reportant la suite « à une date non précisée pour permettre aux parties de continuer à négocier les modalités de cette entente de principe ».

Dans sa déclaration, l’UQAM dit aussi prendre acte du mouvement d’appui à Hélène Boudreau qui a été observé dans les derniers jours. Sous le mot-clic #papauqam, des diplômées ont notamment dénoncé l’« hypocrisie » de leur alma mater. Auteures, chercheuses, boursières ou doctorantes ont en effet posé en sous-vêtements aux côtés du logo de l’Université ou de leur diplôme pour soutenir Hélène Boudreau.

Papa UQAM, tu dois comprendre que tes étudiantes ont des corps, ont des sexualités et que pour plusieurs d’entre elles, le corps nourrit le travail intellectuel.

Cato Fortin, l’une des instigatrices du mouvement et lauréate de la bourse Joseph-Armand-Bombardier pour son projet de thèse de doctorat.

« Toutes les chances » aux négociations

L’UQAM assure qu’elle demeure une université « ouverte et inclusive, pionnière en études féministes et réputée pour son excellence et son innovation dans la formation, la recherche et la création en arts ». « La liberté d’expression ne saurait toutefois justifier une atteinte au nom et au logo de l’Université ou à leur exploitation commerciale sans autorisation », martèle-t-elle.

Pour donner « toutes les chances de réussite possible » aux négociations hors Cour, la direction ajoute qu’elle « s’abstiendra d’émettre d’autres commentaires pour le moment », mais reste « confiante » que les deux parties pourront arriver à une entente « prochainement ».

Rappelons que l’UQAM poursuit Hélène Boudreau pour 125 000 $ en lien avec des photos explicites accompagnées du logo de l’établissement publiées par l’étudiante, notamment sur OnlyFans. Cette plateforme est surtout utilisée pour partager du contenu suggestif en échange d’une cotisation mensuelle.

Début avril, l’étudiante visée par la poursuite avait martelé dans une déclaration sous serment que le plaidoyer de l’Université est « sans fondement » et illustre une conception « dépassée » de l’art. « Dans notre société moderne, le fait qu’une femme se révèle, partiellement ou autrement, sur une photo, alors que le photographe l’y a autorisée et qu’elle a payé pour acquérir ces photos, ne devrait pas être qualifié d’acte pouvant porter atteinte à la réputation », a-t-elle dit.