(Québec) Le ministère de l’Éducation est incapable de dresser un portrait même préliminaire du programme de tutorat qui a été annoncé le 8 janvier et lancé le 27 janvier par le ministre Jean-François Roberge.

Un mois plus tard, on ne sait toujours pas combien de candidats se sont inscrits pour devenir tuteurs sur la plateforme « Répondez présent » ni combien d’entre eux ont été embauchés.

Impossible aussi de savoir combien d’élèves ont été référés en tutorat, et combien d’heures de tutorat ont été offertes jusqu’à présent.

Ces informations ne sont pas encore disponibles, a répondu le relationniste du ministère Bryan St-Louis aux multiples demandes de La Presse Canadienne. Il a affirmé être en attente de données.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Jean-François Roberge

Le nouveau programme de tutorat pensé par Québec doit venir en aide aux élèves qui en arrachent depuis le début de la pandémie. Il doit se poursuivre jusqu’en juin 2022.

Le personnel scolaire, les suppléants, les retraités du réseau scolaire ainsi que les étudiants collégiaux et universitaires avaient jusqu’au 19 février pour manifester leur intérêt à devenir tuteur.

Le flou persiste à savoir si un enseignant peut devenir tuteur de son propre élève.

En principe, le tutorat doit se faire en ligne, réunissant chaque semaine de petits groupes d’élèves qui auront été identifiés par leurs enseignants. De l’aide individuelle pourrait aussi être disponible.

Pas normal

Le programme ne semble pas avoir véritablement démarré dans toutes les régions, selon la députée de Sherbrooke Christine Labrie.

« Moi, je n’ai pas eu connaissance d’enseignants qui me disaient qu’ils avaient été en contact avec un tuteur pour un élève de leur classe, ou qu’il y avait des élèves de leur classe ou de leur école qui étaient en train d’avoir des services de tutorat en ce moment », a-t-elle affirmé en entrevue.

Si le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge tarde à rendre publiques les informations sur le tutorat, c’est peut-être parce que ça ne va pas très bien, avance-t-elle.

« Le fait qu’il ne nous transmet pas de données là-dessus, moi je le perçois comme un indice que ça ne se passe pas aussi bien qu’il le souhaitait, parce qu’autrement, il en serait fier et il nous le dirait.

« Quand ça a bien fonctionné, les inscriptions pour les préposés aux bénéficiaires dans la formation accélérée, bien ils ne se gênaient pas pour le dire combien il y en avait d’inscriptions.

« Donc, s’ils ne nous le disent pas pour le programme de tutorat, moi ça me porte à croire que la réponse n’est pas au rendez-vous comme ils le souhaitaient », a poursuivi Mme Labrie.

Élargir le recrutement

L’ancienne chargée de cours à l’Université de Sherbrooke croit que Québec devrait ouvrir la possibilité aux enseignants en poste de s’inscrire pour être tuteurs de leurs propres élèves. « On aurait plus d’intérêt. »

Et pourquoi ne pas élargir le recrutement à d’autres personnes ?

« Moi, par exemple, je ne pourrais pas m’inscrire comme tutrice en ce moment. Il y a plein de gens qui auraient de l’intérêt et qui ne peuvent pas s’inscrire. »

La situation n’est pas « normale », renchérit la députée libérale Marwah Rizqy, surtout considérant que les besoins dans le réseau sont énormes.

« Ce n’est pas normal non plus que quand on regarde la somme dédiée pour les écoles en matière d’aide supplémentaire, ça ressemble à une enveloppe d’environ 2000 $ par établissement », souligne-t-elle.

« C’est clairement insuffisant. Je me mets dans une école de 600 élèves, on fait quoi avec 2000 $ ? »