(Montréal) Mécontents de l’évolution des négociations pour le renouvellement des conventions collectives avec Québec, les membres de la CSQ dans le milieu de l’éducation ont voté à 73 % en faveur d’un mandat de cinq journées de grève.

La Centrale des syndicats du Québec compte 125 000 membres dans le milieu de l’éducation parmi ses 200 000 membres. Ils sont répartis entre le préscolaire, le primaire, le secondaire, le collégial, la formation professionnelle et l’éducation des adultes. Ils sont des enseignants, des employés de soutien et des professionnels de l’éducation (psychologues, orthophonistes et autres).

Le mandat qui a fait l’objet de la consultation en est un de l’« équivalent » de cinq journées de grève. Ces cinq journées pourraient donc être prises séparément, de façon consécutive ou même par demi-journées.

La décision sur le quand et le comment du déclenchement de la grève n’a pas encore été prise par le conseil général de négociation, a indiqué la présidente de la CSQ, Sonia Éthier, en conférence de presse lundi.

Une éventuelle grève dans le milieu de l’éducation ne serait pas soumise aux dispositions sur les services essentiels, comme c’est le cas dans le secteur de la santé.

Reste que les enseignants qui dispensent les cours aux préposés aux bénéficiaires et aux infirmières auxiliaires seraient touchés par une grève dans le milieu de l’éducation, a admis Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement de la CSQ.

« On a tout essayé »

Mme Éthier et les présidents de ses fédérations ont assuré que leur volonté n’était pas de faire la grève, mais bien de conclure une entente avec le gouvernement du Québec, alors que les négociations durent depuis un an.

Malgré le contexte de la pandémie de la COVID-19 et de l’enseignement à distance, dans bien des cas, Mme Éthier croit que le public appuiera ses membres. « C’est vrai qu’il n’y a jamais de bon moment pour faire la grève ; on est tous conscients de ça ici. »

Mais elle croit que la population comprend que le personnel a été éprouvé par des années de restrictions budgétaires et de manque de ressources humaines pour épauler les enseignants. Il y a présentement une pénurie d’enseignants et les nouveaux arrivés quittent trop souvent dans les cinq premières années, relève Mme Éthier.

Quant aux professionnels comme les psychologues, plusieurs préfèrent quitter le secteur public pour le privé, où ils sont nettement mieux rémunérés et n’ont pas à vivre avec des listes d’attente, a souligné Jacques Landry, président de la Fédération des professionnels de l’éducation de la CSQ.

Il affirme qu’un psychologue dans le milieu scolaire touche de 26 $ à 49 $ l’heure, un orthophoniste, un psychoéducateur, un conseiller pédagogique de 25 $ à 45 $ l’heure.

« La grève, c’est un moyen ultime. Et quand on est rendu là, c’est parce qu’on a tout essayé les autres moyens et que le gouvernement fait la sourde oreille à nos demandes », a lancé Mme Éthier.

Le ministère a fait des propositions

Du côté gouvernemental, le cabinet du ministre Jean-François Roberge a affirmé déployer tous les efforts requis pour parvenir à une entente « dans les meilleurs délais ».

« Nous travaillons fort aux tables afin de convenir de mesures qui permettront d’offrir à nos enseignants de meilleures conditions de travail et davantage de soutien aux élèves », a-t-il répliqué.

Il a rappelé qu’il s’était déjà engagé à rehausser le salaire des enseignants à l’entrée dans la profession, en le faisant passer de 46 000 $ à 50 000 $.

Il a aussi proposé de mieux reconnaître les enseignants qui accepteront d’agir comme « enseignant émérite ».

Il se dit prêt à libérer des enseignants de la surveillance des récréations par des projets-pilotes.

Il affirme aussi avoir déjà proposé « des mesures concrètes pour favoriser la stabilité des équipes-écoles en milieu défavorisé ».