Les trois centrales syndicales engagées dans le conflit de travail dans les centres de la petite enfance (CPE), ainsi que les trois partis de l’opposition et des regroupements de parents et de travailleuses non syndiquées, demandent au premier ministre du Québec, François Legault, de s’impliquer pour régler le conflit de travail dans les CPE.

« Avec ce qu’on a sur la table, on a vraiment besoin d’une intervention, de quelque chose de rapide », a déclaré la représentante de la FSSS-CSN, Stéphanie Vachon, en conférence de presse à Montréal.

Les syndicats appellent le premier ministre du Québec à s’impliquer directement dans le dossier et à « dénouer la crise au bénéfice des parents et du personnel du réseau de la petite enfance ».

Bien que les parties s’approchent d’une entente au sujet des éducatrices, la principale pomme de discorde demeure le salaire des membres du personnel de soutien, notamment à l’administration, aux cuisines et à l’entretien, que les syndicats considèrent comme « sous-payés par rapport à leurs collègues » dans les réseaux scolaire et de la santé, comme l’a souligné la présidente de la FIPEQ-CSQ, Valérie Grenon.

« Il nous faut reconnaître tous les types d’emploi. Il faut conserver l’immense richesse des CPE qu’on a au Québec », a déclaré Sylvie Nelson, vice-présidente de la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ).

La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ) affirme que les employés de soutien des CPE affichent un retard de 20 à 35 % par rapport à leurs pairs du secteur public, selon le titre d’emploi.

Ces travailleurs sont « très loin du 30 $ de l’heure », a soutenu Mme Vachon. « Reconnaissez que nous avons différentes travailleuses dans nos milieux qui nécessitent un rattrapage également », a-t-elle demandé au premier ministre François Legault.

Négocier jour et nuit

Mme Grenon a de son côté plaidé qu’« il est possible pour le gouvernement et pour le personnel en CPE de sortir la tête haute de ce conflit ».

Pour l’instant, seules les travailleuses affiliées à la CSN sont en grève générale illimitée, mais elles pourraient être rejointes par leurs consœurs des autres syndicats si aucune entente n’est conclue avant jeudi.

« Nous sommes prêts à négocier jour, soir et nuit […], ce qu’on veut, c’est un règlement », a ajouté la vice-présidente de la FTQ, Sylvie Nelson. Il ne reste au gouvernement, selon elle, « qu’un petit tour de roue à faire » pour apaiser les syndicats.

La présidente du Conseil du trésor et ministre responsable de l’Administration gouvernementale, Sonia LeBel, avait affirmé vendredi avoir « rejoint les objectifs et les priorités » des syndicats en ayant bonifié son offre.

Mme LeBel avait évoqué le 25 novembre dernier la possibilité d’utiliser une loi spéciale pour forcer le retour au travail. Elle avait toutefois dit préférer s’entendre à la table de négociations.

Soutien de l’opposition

Les trois partis de l’opposition étaient présents dimanche matin à la conférence de presse en solidarité avec les travailleurs des CPE. Le porte-parole libéral en matière de famille, Marc Tanguay, souhaite que M. Legault « utilise les 6 milliards » reçus du fédéral pour permettre de meilleures conditions de travail en CPE, et ainsi valoriser les travailleuses du domaine. La somme avait pour but d’aider à améliorer le réseau, comme Ottawa accordait du financement à d’autres provinces pour leur permettre d’émuler le système québécois.

Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire, a également demandé à François Legault de s’impliquer dans le dossier. « Si vous vous obstinez à ne pas écouter les travailleurs et travailleuses, c’est une de vos promesses que vous allez briser. »

Les travailleuses se battent pour l’avenir des services de garde éducatifs et des CPE, a renchéri Véronique Hivon, porte-parole du Parti québécois en matière de famille. « C’est le développement du Québec au complet qui est en jeu, parce que sans la force féminine sur le marché du travail et les services de qualité, on va reculer collectivement. »