(Québec) Le gouvernement Legault veut « régler » la question et bonifie son offre faite aux éducatrices de CPE, notamment à celles qui ont le plus d’expérience. Il désire aussi toujours les convaincre de travailler 40 heures par semaine.

« On a sur la table tout ce qu’il faut pour s’entendre. […] À un moment donné, c’est le temps de régler », a lancé la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, vendredi, lors d’un point de presse où elle présentait sa proposition.

Avec cette nouvelle offre, Québec se rapproche un peu plus des demandes de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), qui exige un salaire horaire de 30,50 $ pour une éducatrice qualifiée à l’échelon maximal. Québec propose dorénavant 29,22 $. L’offre précédente était de 28,31 $, alors qu’actuellement, il est de 25,18 $.

Le salaire horaire au premier échelon d’une éducatrice est à l’heure actuelle de 19 $ ; il serait désormais de 21,38 $. C’est sans compter la prime que Québec offre aux éducatrices qui acceptent de travailler 40 heures par semaine.

La mécanique est complexe. Les éducatrices ont droit à la hausse salariale de 6 % accordée à l’ensemble des employés de l’État d’ici le 1er avril. On y ajoute 6 % sur trois ans pour les éducatrices qualifiées, 5 % de primes pour celles qui souhaitent travailler 40 heures par semaine, puis on joint une bonification de 3,2 % pour les éducatrices au dernier échelon.

« Gros bon sens »

En point de presse dans sa circonscription de L’Assomption, François Legault a affirmé de son côté qu’un horaire sur cinq jours était le « simple gros bon sens ». « Quand un enfant va à la garderie cinq jours, ce serait le fun que ce soit les mêmes éducatrices pendant les cinq jours. On ne force personne, c’est volontaire », a-t-il dit.

En privilégiant les travailleuses plus expérimentées, Québec s’adresse à une masse critique : 60 % des éducatrices en CPE au Québec sont au dernier échelon. Avec cette offre, une éducatrice qualifiée au dernier échelon qui travaille 40 heures par semaine aurait un revenu annuel de près de 63 000 $ par année.

« Je suis allé loin dans ma marge de manœuvre. Il y a de l’espace pour des aménagements de ces sommes. Mais il est temps de s’asseoir. […] Je pense qu’il y a sur la table ce qu’il faut pour régler » la question, a dit Mme LeBel.

À la CSN, on pense que l’offre gouvernementale va « accélérer la négociation ». « Mais les parties sont encore éloignées, l’offre vient déséquilibrer la structure salariale », dit Stéphanie Vachon, représentante du secteur CPE à la Fédération de la santé et des services sociaux, affiliée à la CSN.

Elle estime que les éducatrices spécialisées, les conseillères pédagogiques et les adjointes administratives sont oubliées par Québec. De son côté, la FIPEQ-CSQ présentera une contre-offre dimanche.

Fait rare, une partie de ces sommes a déjà été donnée aux travailleuses : Québec a déjà mis en application les paramètres salariaux de son offre de juillet, soit une hausse salariale de 10 % à 15 %.

La pression est là : jeudi, le gouvernement Legault a présenté son plan pour compléter le réseau de services de garde du Québec. Il souhaite créer 37 000 places d’ici mars 2025. Mais son plus grand défi sera de trouver du personnel : le réseau est déjà en pénurie, et Québec calcule qu’il lui faudra 17 800 éducatrices de plus afin de répondre à l’ajout de places, dont 14 000 éducatrices qualifiées.

Avec Lila Dussault, La Presse