(Montréal) Les éducatrices à la petite enfance syndiquées à la CSQ ont manifesté, mardi à Montréal et dans d’autres villes du Québec, alors qu’elles tenaient leur première journée de grève tournante.

Les Centres de la petite enfance dont les travailleuses sont membres d’un syndicat de la FIPEQ, affiliée à la CSQ, ont été touchés mardi par une grève des syndiquées dans la grande région de Montréal, c’est-à-dire à Montréal, Laval, Lanaudière et la Montérégie, ainsi que l’Estrie.

Mercredi, ce sont les régions de Québec, Chaudière-Appalaches et de l’Abitibi qui seront touchées par la grève tournante de la Fédération des intervenantes en petite enfance (FIPEQ).

« Nous trouvons malheureuses ces journées de grève, alors que le gouvernement a invité dernièrement les syndicats à intensifier les négociations pour arriver à une entente le plus rapidement possible », a fait savoir l’attachée de presse de la présidente du Conseil du trésor Sonia LeBel, Florence Plourde

S’adressant aux manifestantes rassemblées devant un édifice gouvernemental qui abrite plusieurs ministères, la présidente de la FIPEQ, Valérie Grenon, a dit craindre que les éducatrices dans les CPE soient désormais tenues de faire des heures supplémentaires obligatoires, comme c’est le cas pour les infirmières, tant il manque de personnel.

Le réseau des services de garde est aux prises avec une pénurie d’éducatrices et la rémunération y est pour beaucoup, a fait valoir la dirigeante syndicale.

À l’heure actuelle, une éducatrice qualifiée touche 19 $ l’heure au premier échelon et jusqu’à 25 $ l’heure au 10e et dernier échelon salarial.

La fédération de la Centrale des syndicats du Québec revendique des augmentations plus importantes pour les plus bas salariés. Ainsi, elle demande des augmentations totalisant 27 % sur trois ans pour le premier échelon et totalisant 21 % sur trois ans pour le dernier échelon.

De son côté, Québec offre 12 % sur trois ans aux éducatrices qualifiées.

De plus, selon la FIPEQ, Québec n’offre pas les mêmes augmentations aux « autres » travailleuses des CPE qui viennent en soutien aux éducatrices, soit les employées à la cuisine ou à l’entretien ménager, par exemple. Pour elles, Québec offre les mêmes augmentations que celles versées aux employés de l’État.

La FIPEQ revendique aussi un plancher d’emploi pour ces travailleuses qui viennent en soutien aux éducatrices.

Reprise des négos

Les négociations avec la FIPEQ n’ont guère progressé ces derniers jours — d’où l’exercice de la grève tournante. Il s’agit de la première des six journées prévues au mandat de grève. Et une seule journée de ce mandat a été utilisée, puisque la grève tournante ne touchait les régions visées que pendant une seule journée à la fois.

Les négociations entre Québec et la FIPEQ reprendront jeudi, alors que ce seront les éducatrices syndiquées à la Fédération de la santé et des services sociaux, affiliée à la CSN, qui débraieront à leur tour. Dans leur cas, jeudi et vendredi, il s’agira des deuxième et troisième journées de grève d’un mandat qui en comprend 10.

Québec a proposé plus

Le cabinet de la ministre LeBel convient lui aussi « qu’il y a urgence d’agir, afin de soutenir le développement du réseau, d’améliorer les conditions salariales des éducatrices et d’en attirer de nouvelles ».

Mme Plourde assure que « le gouvernement est au rendez-vous, en proposant d’augmenter considérablement le salaire des éducatrices. Nous déplorons que les enfants soient privés de services de garde et que les parents écopent, alors que la conciliation travail-famille est déjà difficile ».

Appui des partis d’opposition

Présente à la manifestation, Véronique Hivon, porte-parole du Parti québécois pour ces dossiers, a appuyé les grévistes.

« Votre cause, c’est la cause de toutes les femmes du Québec, c’est la cause de tous les parents, c’est la cause pour l’égalité homme-femme, c’est la cause pour le développement de nos tout-petits, c’est la cause pour la conciliation famille-travail, c’est la cause pour le développement du Québec social et économique », a-t-elle lancé.

Aussi présent, Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, a tracé un parallèle entre la grève des éducatrices en CPE et la grève étudiante qu’il a menée avec d’autres représentants étudiants, il y a 10 ans.

« J’ai fait partie de centaines de milliers de jeunes Québécois qui se sont mobilisés ici pour un projet de société basé sur l’égalité des chances et la justice sociale », a-t-il lancé aux manifestantes.

À son tour, Marc Tanguay, porte-parole de l’opposition officielle pour ces dossiers, a promis de ne laisser passer aucune occasion de questionner le gouvernement Legault au sujet du sort des éducatrices en CPE.

« Le combat que vous menez est excessivement important. C’est pour nos tout-petits ; les parents vous appuient. C’est important de faire un rattrapage. On vous supporte sans réserve », a-t-il affirmé.