(Québec) Le gouvernement Legault investit 450 millions sur cinq ans afin de mettre en place un plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur. L’objectif est de rehausser d’ici 2022-2023 de 1,5 % la proportion de Québécois âgés de 25 à 64 ans qui détiennent un diplôme collégial ou universitaire.

Parallèlement, Québec a aussi mandaté un groupe de travail pour se pencher sur la maîtrise de la langue française chez les étudiants des cégeps et universités.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, a détaillé mercredi ce plan comportant 19 mesures, comme la promotion et la valorisation des études supérieures, l’amélioration de l’accueil et de l’intégration des étudiants et des mesures pour faciliter le passage du secondaire au cégep, ou du cégep à l’université, entre autres. Concernant la maîtrise du français, Mme McCann dit vouloir « un diagnostic, savoir pourquoi on a cette difficulté ».

Les taux de succès de l’épreuve uniforme de français que doivent passer les étudiants à la fin de leurs parcours collégial « ne sont pas à la hauteur » de ce qui serait souhaité par Québec, a-t-elle observé.

« J’ai demandé qu’un groupe de travail se penche [sur la question] : pourquoi on a cette difficulté ? Je veux vraiment qu’on améliore l’apprentissage et la maîtrise du français. Je pense que c’est la voie de passage pour qu’on améliore le taux de diplomation », a déclaré Danielle McCann. Elle a qualifié le dossier de « très important » et a rappelé que peu importe la discipline étudiée, la maîtrise du français est essentielle.

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La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann.

Québec rappelle aussi que les emplois hautement qualifiés, c’est-à-dire qui requièrent un diplôme d’études collégiales ou universitaires, « représentent la plus grande part de l’emploi au Québec et que leur proportion augmentera au cours des prochaines années ». Au même moment, la part des emplois peu qualifiés sur le marché du travail sera en régression.

De plus, « la comparaison du niveau de scolarité de la population du Québec avec celui de la population de l’Ontario et de l’ensemble du Canada révèle que la population québécoise accuse un certain retard ». En 2019, la proportion de Québécois âgés de 25 à 64 ans titulaires d’un diplôme universitaire était de 29 %, comparativement à 32 % dans l’ensemble du Canada et de 35 % en Ontario.

Des enjeux dès le secondaire

Pour Yves de Repentigny, qui enseigne la biologie au Cégep du Vieux Montréal et qui est vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), les enseignants ont d’abord et avant tout besoin de temps pour mieux encadrer et soutenir les élèves.

« La réussite, ça passe par plus de temps consacré à chaque étudiant. Si j’ai trop de copies à corriger, trop d’élèves à encadrer, je n’aurai pas le temps à consacrer à toutes les innovations » que la ministre veut mettre en place, a-t-il plaidé jeudi.

M. de Repentigny rappelle aussi qu’une proportion selon lui trop élevée d’étudiants échoue leurs examens ministériels en français au secondaire. Ces élèves arrivent dans le réseau collégial avec d’importantes lacunes.

« Dans le cas des épreuves ministérielles uniques de secondaire 4 et 5, [environ] un étudiant sur quatre essuie un échec, y compris en français. Dans le cas de cette matière, de 2013 à 2018, dans le réseau public, le taux de réussite de l’épreuve de secondaire 5 a oscillé entre 74 % et 76 %, sauf en 2014, où il a été de 69 % », illustre la FNEEQ dans son mémoire remis dans le cadre du Chantier sur la réussite en enseignement supérieur.

Un deuxième plan pour la santé mentale

Mme McCann a également rappelé jeudi les grandes lignes d’un deuxième plan d’action présenté plus tôt cette année, celui-ci concernant la santé mentale étudiante en enseignement supérieur. Ce plan prévoit des investissements de près de 60 millions sur cinq ans Québec et doit notamment permettre d’« embaucher encore plus de ressources » dans le réseau.

« Au Québec, on observe un déclin de la santé mentale de la population étudiante depuis les années 1990. À cet effet, une étude menée à l’automne 2018 par l’Union étudiante du Québec (UEQ) démontre que 58 % de la population étudiante universitaire présente des niveaux élevés de détresse psychologique. Par ailleurs, 19 % des étudiants universitaires auraient des symptômes dépressifs suffisamment sévères pour nécessiter un soutien d’ordre médical ou psychologique », rappelle la ministre dans son plan d’action.