Le gouvernement Legault a confirmé mercredi que le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), le plus gros au Québec, a été placé sous tutelle, tel que le révélait La Presse plus tôt cette semaine. La décision, valable pour une période de six mois, pourrait toutefois être renouvelée « si la situation le justifie ».

Dans un communiqué diffusé en fin d’après-midi, le ministère de l’Éducation rappelle avoir amorcé en janvier 2021 une « vérification de l’administration, de l’organisation et du fonctionnement » du centre de services, sur la base « d’allégations de graves manquements éthiques et déontologiques » au sein du conseil d’administration.

Mardi, La Presse rapportait que c’est la zizanie depuis quelque temps au sein du conseil d’administration du CSSDM, mis en place en octobre 2020 pour remplacer les élus scolaires, dans la foulée de l’abolition des commissions scolaires.

Dans les derniers mois, huit des 15 membres, dont la présidente Mélisandre Shanks, ont claqué la porte du conseil. Seuls sept membres sont encore en fonction, ce qui a pour effet de paralyser le fonctionnement normal de l’organisation. Les séances du conseil du 21 avril, du 5 mai et du 26 mai dernier ont d’ailleurs été annulées pour cette raison. Ainsi, le CSSDM n’a notamment pas pu encore nommer son nouveau directeur général, un poste qui est vacant depuis le départ à la retraite de Robert Gendron, en février.

« Importantes lacunes »

Sans se prononcer sur le cœur du problème, Québec indique que ses vérifications ont permis « d’identifier d’importantes lacunes en matière de gouvernance, notamment en ce qui concerne la compréhension des rôles et des responsabilités des administrateurs, un climat dysfonctionnel entre l’administration et le conseil d’administration et des manquements sur le plan de la gestion administrative ».

D’après le ministère, des tentatives d’accompagnement avec des mesures de surveillance avaient été mises en place en février dernier, puis en avril. L’exercice aurait toutefois « confirmé l’impasse dans laquelle se trouve le CSSDM et la nécessité d’une tierce intervention ». « Ce centre de services scolaire connaît des difficultés depuis de nombreuses années, tant au chapitre de sa gouvernance que de sa gestion administrative », insistent les autorités.

Ainsi, la mise sous tutelle du centre de service « prend effet immédiatement pour une période de six mois, qui pourra être prolongée pour une durée équivalente si la situation le justifie », précise le gouvernement, qui dit avoir l’objectif de « mettre en place, de manière durable, les meilleures pratiques en matière d’administration ».

C’est l’ancien directeur général et aujourd’hui consultant indépendant pour le compte du Centre de services scolaire des Mille-Îles (CSSMI), Jean-François Lachance, qui sera chargé « d’accomplir les fonctions de gouvernance du CSSDM ».

Il devra « prendre les décisions administratives urgentes, accompagner la direction générale dans l’exercice de ses attributions, veiller au bon déroulement du processus visant à pourvoir les postes des membres parents au conseil d’administration du CSSDM et faire rapport au ministère mensuellement ».

L’objectif immédiat, affirme Québec, est « d’assurer une rentrée scolaire 2021 pleinement fonctionnelle, dans l’intérêt prioritaire des élèves ».

Dans un communiqué, les membres du Comité de parents du CSSDM, eux, ont offert leur pleine et entière collaboration à Jean-François Lachance. « Nous sommes disponibles, prêtes et prêts, à collaborer ouvertement dès maintenant, et ceci sans discontinuer pour les six prochains mois, et même plus s’il le faut, afin de projeter les bases d’une coopération sereine et efficace », a expliqué le président du groupe, Marc-Étienne Deslauriers

« Nous devons désormais regarder en avant, et ma porte est grande ouverte pour amorcer ce travail avec M. Lachance. Il peut compter sur un Comité de parents mobilisé, et déterminé, pour ce nouveau chapitre de l’histoire de l’école publique montréalaise », a insisté M. Deslauriers.