Québec souhaite que le plus grand nombre d’étudiants possible soient de retour sur les campus des cégeps et universités à l’automne, mais avec une distanciation qui devra être maintenue dans les classes, certains cours risquent encore de se faire à distance.

Les élèves de cégep et les étudiants d’université qui ont fait un an d’études à distance peuvent espérer mieux l’automne prochain, assure la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann.

Oui, le masque médical devra être porté en tout temps, mais la distanciation entre les étudiants dans les classes pourra être réduite à 1 mètre plutôt que le 1,5 mètre actuel.

Il s’agit d’« une grande amélioration » par rapport aux sessions précédentes, a dit la ministre McCann en entrevue avec La Presse. Elle estime que les cégeps et universités pourront ainsi, en moyenne, être occupés à 60 % de leur capacité prépandémie.

PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann

Qu’est-ce que ça signifie concrètement ?

« Dans bien des cégeps, qui ont moins de population étudiante, 1 mètre, c’est suffisant pour que tout le monde revienne », dit Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps. Dans les centres urbains, il faudra peut-être prolonger les horaires de cours ou louer des locaux supplémentaires.

« Mais ça se peut aussi qu’il y ait un nombre de cours où il y a alternance entre les cours en présence et à distance », poursuit M. Tremblay.

Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep, dit que « ce n’est pas vrai que tout le monde va pouvoir retourner en présentiel à temps plein ».

Elle croit que comme l’année qui vient de passer, la session d’automne prochain dans les cégeps de la province risque fort d’être « à géométrie variable ». Dans certains cégeps, les élèves sont allés régulièrement en classe, alors que dans d’autres, notamment en zone rouge, ç’a été quasi impossible.

« Pas question de rester à distance »

Déjà, des enseignants craignent que l’impossibilité de remplir les classes au maximum de leur capacité ne nuise au retour en présence des étudiants.

« Le collège dans lequel j’enseigne a confirmé que nous allions enseigner entièrement en ligne à l’automne (à moins d’un changement de cap) », nous écrit un enseignant de la région de Montréal. « Cette annonce n’est donc pas le signe d’un retour en classe, au contraire. C’est la confirmation que nous serons encore en ligne », poursuit-il.

« Il n’est pas question de rester à distance parce que c’est plus simple », dit Danielle McCann, qui estime que « les étudiants ont besoin de revenir sur les campus ».

Sans donner de « faux espoirs », la ministre explique que de nouveaux assouplissements pourraient être apportés aux mesures sanitaires au cours des sessions d’automne et d’hiver. « Mais il faut que tout le monde soit complètement vacciné », ajoute la ministre.

Les étudiants veulent savoir à quoi s’en tenir

À l’Université de Montréal, on estime que la distanciation de 1 mètre entre les étudiants fera que les campus seront occupés à 50 ou 60 % de leur capacité habituelle, tandis que l’Université McGill indique seulement qu’elle planifie « comme prévu un retour aux activités académiques en personne à partir de l’automne 2021 ». À l’Université du Québec à Montréal, on explique qu’il est trop tôt pour se prononcer sur ce à quoi ressembleront les classes.

Plus les étudiants universitaires retourneront sur les bancs d’école, mieux ils se porteront, dit la présidente de l’Union étudiante du Québec (UEQ), Jade Marcil. « Avec plus d’un an de cours à distance, ça commence à être lourd », dit-elle.

L’UEQ rappelle que la crise n’est pas terminée et souhaite que les universités aient accès à toutes les ressources possibles pour adapter leur enseignement et trouver des solutions pour accueillir le plus d’étudiants possible. « S’il n’y a pas les ressources, c’est la communauté étudiante qui va payer », estime Jade Marcil.

Elle appelle surtout à une prévisibilité pour l’automne. De manière générale, les écoles primaires et secondaires restent ouvertes, mais les cégeps et universités, « on referme tout le temps », rappelle Jade Marcil.