(Québec) Le Parti québécois (PQ) s’attend à voir un réinvestissement massif pour régler la crise dans les garderies dans le prochain budget qui sera présenté jeudi par le ministre des Finances, Eric Girard.

Considérant que le Québec fait désormais face à une pénurie sans précédent d’éducatrices en services de garde, le PQ propose d’injecter 224 millions sur cinq ans, dont 190 millions seraient dépensés d’ici 2024.

En entrevue, la porte-parole du PQ pour la famille, Véronique Hivon, rappelle que 51 000 parents attendent une place en garderie, et que, selon les experts, il manque 3000 éducatrices.

Ce chiffre grimpera à 10 000 en 2024 si rien n’est fait, selon les prévisions du ministère de l’Emploi et du Travail et des partenaires du marché du travail, a-t-elle affirmé.

De plus, environ 900 milieux de garde familiaux ont fermé leur porte pendant la pandémie. « C’est une véritable hémorragie », a déclaré Mme Hivon.

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Véronique Hivon

« Ça fait deux ans qu’on alerte le ministre de la Famille sur l’urgence de la situation. Malheureusement, on n’a pas vu le début d’un plan, alors aujourd’hui, on lui en propose un. »

La députée de Joliette propose cinq pistes de solution, à commencer par le renouvellement des conventions collectives et la bonification des salaires des éducatrices.

Une éducatrice gagne habituellement entre 16 $ et 25 $ de l’heure.

« On se fait dire par des stagiaires, des étudiantes qui sont dans le programme, que cet été, probablement qu’elles vont aller travailler en restauration, parce que […] c’est plus payant », signale Mme Hivon.

Le plan du PQ inclut :

•l’octroi de bourses de 3000 $ par session aux étudiantes en technique d’éducation à l’enfance ;

•la création d’un programme alternance travail-études pour former 3000 éducatrices en trois ans ;

•la remise de 4000 $ à celles qui démarrent une garderie en milieu familial et à celles déjà en poste ;

•la majoration de 7000 $ du montant offert au milieu familial pour embaucher une assistante.

« Le travail d’éducatrice a vraiment subi beaucoup de contrecoups et n’a jamais été reconnu à sa pleine valeur, alors que les éducatrices […] s’occupent de la prunelle de nos yeux », a plaidé l’élue péquiste.

Elle note une diminution « draconienne » de 40 % des inscriptions en éducation à l’enfance depuis sept ans.

Le gouvernement Legault a en outre attiré les éducatrices vers les nouvelles maternelles quatre ans, ce qui a contribué à empirer la situation dans les garderies, soutient-elle.

Véronique Hivon estime que la crise a un double impact, à la fois sur les éducatrices et sur toutes les femmes qui ne peuvent retourner au travail, faute de place en garderie.

« On est clairement en train de régresser. […] Le Québec ne peut pas se permettre de ne pas faire cet investissement », a-t-elle martelé.

Le gouvernement Legault espère ouvrir de 5000 à 7000 nouvelles places subventionnées d’ici mars 2022, en procédant à un assouplissement des règles administratives.

Au début de son mandat, en 2019, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, avait pourtant promis de créer 13 500 nouvelles places dans les services de garde subventionnés, en moins de deux ans.

Le 12 mars dernier, il s’est engagé à réduire d’un an le processus de création de nouvelles places en garderie, en ramenant de 17 à 9 le nombre d’étapes à suivre.

En parallèle, il a déclaré vouloir s’attaquer au problème criant de pénurie d’éducatrices.