(Montréal) La multiplication des cas de COVID-19 dans les écoles amène plusieurs élèves à devoir passer deux semaines à la maison. Auront-ils un enseignement à distance digne de ce nom ? Déjà, les craintes d’un scénario semblable à celui du printemps, où les parents ont vu le meilleur comme le pire, ressurgissent.

À la reprise des classes, il y a quelques semaines, Geneviève Bacon s’est demandé ce qu’il adviendrait des enfants qui doivent être retirés de l’école quand un cas de COVID-19 survient. Rapidement, la réalité a frappé à sa porte : elle a appris que son fils, qui est en 2e année à l’école Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, a été en contact avec un élève de 1re année déclaré positif.

Le ministère de l’Éducation prévoit un « seuil minimal de services éducatifs à distance », mais celui-ci s’applique aux élèves qui s’absentent pour une longue période parce qu’ils ont une exemption médicale ou à ceux dont toute la classe est mise en quarantaine.

Quand un ou quelques élèves sont retirés d’une classe, on les considère « au même titre qu’un enfant qui aurait la gastroentérite ou une maladie qui demanderait un retrait de courte durée ».

C’est le cas du fils de Geneviève Bacon. Son enseignante est en classe, mais doit assurer le suivi de ses quelques élèves isolés à la maison.

« En fin de compte, l’enseignement est encore sur les épaules des parents. Il n’y a rien pour soutenir ces élèves qui sont retirés, et c’est encore eux qui mettent leur apprentissage sur pause », déplore Mme Bacon qui, comme son conjoint, travaille à temps plein. Elle a l’impression de revivre l’école à la maison comme au printemps. « C’est le jour de la marmotte », dit-elle.

Geneviève Bacon se serait attendue à mieux, vu que le nombre d’élèves retirés des classes risque d’être élevé au cours de l’année. « Je m’attendais à ce qu’il y ait un service d’école virtuelle structurée, et non pas que ce soit à la discrétion de l’enseignant. La prof est aussi pénalisée que nous », estime Geneviève Bacon. Elle ajoute que l’enseignante de son fils fait du mieux qu’elle peut dans les circonstances actuelles.

Tout comme cette mère, le président du comité de parents du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), Marc-Étienne Deslauriers, a lui aussi d’abord pensé que « l’école virtuelle » mise sur pied par le centre de services serait pour tous les élèves placés en quarantaine.

« Quand c’est un retrait qui est préventif, il faut que l’enfant puisse recevoir de l’enseignement. Tout le travail repose sur les parents qui sont à la maison et sur les membres du personnel qui doivent en plus faire leur journée en classe », déplore M. Deslauriers.

Comme au printemps ?

Interrogé sur le service pédagogique à distance pour ces élèves, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a affirmé mardi que les « échos » qu’il reçoit du terrain, « c’est que ça se passe bien » et que la « qualité du service est au rendez-vous ».

Ce n’est pas l’avis du président du comité de parents du CSSDM, qui estime qu’encore une fois, les services fournis aux élèves restés à la maison sont à géométrie variable.

On se retrouve dans la même situation qu’au printemps, où on a certaines écoles qui sont mieux préparées, des membres du personnel qui sont mieux préparés, d’autres qui sont pris avec des défis du quotidien qui font que l’enfant à la maison passe après le reste.

Marc-Étienne Deslauriers, président du comité de parents du CSSDM

Père d’une enfant qui fréquente aussi l’école primaire Notre-Dame-de-Grâce et dont toute la classe de 1re année doit rester à la maison en raison d’un cas de COVID-19, Joaquin Poundja note un changement par rapport au printemps : quand toute la classe est retirée de l’école, l’enseignement à distance fonctionne bien.

« Le prof est excellent, il est à son affaire. Je suis agréablement surpris. Ce printemps, c’était plus désorganisé », dit Joaquin Poundja.

Le président de la Fédération québécoise des directions d’écoles croit aussi que le portrait est différent.

« Je pense que le service est beaucoup plus uniforme et équitable qu’au printemps. On s’assure d’une meilleure équité de service pour l’ensemble des élèves, on est plus prêts à faire face à cette situation-là. Mais il reste des zones à éclaircir », dit Nicolas Prévost.

Combien d’élèves en quarantaine ?

Combien d’élèves sont actuellement à la maison pour deux semaines parce qu’un cas de COVID-19 s’est déclaré à leur école ? Mardi, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a été incapable de fournir le nombre actuel d’élèves en isolement préventif, et son ministère n’a pas répondu à notre courriel à ce sujet. Le Centre de services scolaire de Montréal nous a pour sa part informée qu’au cours de la journée de mardi, deux groupes d’élèves d’écoles primaires de la métropole avaient été mis en quarantaine.

– Avec Fanny Lévesque, La Presse