Avant que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, ne demande l’annulation des fêtes d’initiations universitaires, vendredi dernier, plusieurs associations étudiantes avaient déjà fait le choix d’organiser des activités d’accueil virtuelles. D’autres associations ont toutefois organisé des activités en présentiel, mais selon plusieurs d’entre elles, les jeux de société et les ateliers ludiques avaient dans bien des cas remplacés les beuveries et les débordements.

À l’Université de Montréal (UdeM), les associations étudiantes assurent que les règles sanitaires ont été respectées lors des activités d’accueil sur le campus.

Les étudiants avaient d’ailleurs reçu des consignes claires pour assurer la distanciation physique, éviter le partage de nourriture et la consommation d’alcool, selon la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM).

« On avait, du côté de la fédération, beaucoup d’éclaireurs sur place qui faisaient le tour des activités d’accueil pour promouvoir une culture de respect et en plus, l’UdeM avait mis en place une brigade COVID pour s’assurer que toutes les règles de santé soient respectées, donc ç’a vraiment permis de désamorcer les situations de relâchement qui pouvaient se produire », a indiqué Sandrine Desforges, secrétaire générale de la FAÉCUM.

La porte-parole a précisé que les associations étudiantes avaient même reçu l’ordre de décourager les rassemblements après les activités d’accueil, pour s’assurer qu’il n’y ait pas de débordement.

« Ce qu’on donnait comme indication aux associations, c’était de tenter de dissiper l’évènement et les personnes, arrêter la musique et s’assurer que tout le monde quitte les lieux et éviter que les personnes se rassemblent à une autre place, mais évidemment, hors contexte associatif, c’est plus difficile de savoir ce que font les gens. »

Des activités d’accueil et non des initiations

Tous les responsables d’associations à qui La Presse Canadienne a parlé ont utilisé les termes « activités d’accueil » plutôt qu’« initiations » pour parler des activités de socialisation reliées à la rentrée scolaire. Selon certains, les débordements associés à la consommation excessive d’alcool lors de fêtes organisées par les associations sont chose du passé.

« Hors contexte COVID, des partys d’initiations avec du salissage et de la consommation abusive, on est déjà loin de ça depuis des années. Ça fait des années que les associations étudiantes tentent de s’éloigner de ça et faire des activités plus inclusives », a expliqué Sandrine Desforges, précisant que la COVID-19 n’a fait qu’accélérer cette transition.

Des jeux de société à la place des beuveries ?

Miruna Sovejanu, vice-présidente de l’Association Général des étudiant.e.s. de microbiologie, infectiologie et immunologie de l’Université de Montréal (AGÉMIUM), est aussi d’avis que les associations étudiantes font beaucoup d’efforts depuis quelques années pour « changer la mentalité et l’ambiance des activités d’accueil afin d’être plus inclusifs et éviter les débordements », et que la pandémie fait en sorte que les organisateurs ont été doublement vigilants cette année.

Son association a organisé une activité d’intégration sur le campus et plusieurs activités virtuelles, où l’alcool n’était pas le bienvenu.

« Même lors des activités de Zoom, on a demandé aux gens de ne pas consommer d’alcool. Lorsque les gens consomment de l’alcool chez eux, on ne peut pas intervenir s’il y a un souci, alors même par Zoom, c’était interdit, on nous a demandé de ne pas promouvoir l’alcool. »

Des jeux de présentations, le « Loups-Garous » ou encore « Pictionary » étaient au programme des activités virtuelles organisées par son association pour permettre aux nouveaux étudiants d’apprendre à se connaître.

« Ce qu’on a eu comme retour, c’est que les gens se sont amusés. On a eu une bonne participation et le retour des nouveaux était très positif, ils étaient surpris de voir à quel point ça peut être divertissant et amusant tout en respectant les règles ».

Les activités d’accueil ont pour objectif de briser la glace et de tisser des liens entre étudiants, ce qui, selon Miruna Sovejanu, est d’autant plus important cette année.

« L’objectif est que les gens se connaissent avant les cours, mais normalement, sans pandémie, les étudiants ont la chance de se côtoyer durant la session. Malheureusement, ça sera plus difficile cette année. »

Ludovic Maurice, de L’Association des étudiants et étudiantes en enseignement au secondaire de l’UdeM, a participé à l’organisation d’activités d’accueil en personne et virtuellement.

Bien qu’il considère que les objectifs de ces activités aient été atteints, il craint également que la pandémie ait des conséquences sur la cohésion du groupe.

« Ce n’est pas parce que des liens ont été faits lors d’activités d’accueil que ça sera facile de les garder pour une session qui se fait entièrement à distance. Normalement, on continue de se voir en groupe et ça permet de garder les liens et de devenir une cohorte solide. L’esprit d’équipe est particulièrement important en enseignement, et on risque d’avoir plus de difficulté pour la cohésion du groupe. »