(Québec) Le Québec a un « fichu problème de qualité et de sécurité » dans certaines garderies privées en milieu familial, estime Mathieu Lacombe, qui souhaite les réglementer davantage, voire leur imposer des permis.

Le ministre de la Famille réagissait mardi à la une de La Presse qui révélait en matinée que les garderies privées en milieu familial étaient visées par un nombre croissant de plaintes depuis l’adoption de normes minimales de sécurité.  

En 2018-2019, le ministère de la Famille a retenu un millier de plaintes, soit presque trois fois plus que l’année précédente. Une gardienne aurait notamment quitté son domicile en laissant les enfants entre les mains d’un mineur, alors que dans un autre cas, des personnes consommaient des drogues à l’étage supérieur d’une garderie, par exemple.  

« C’est préoccupant, a affirmé mardi M. Lacombe. Ce n’est pas admissible qu’on n’ait pas les moyens pour aller vérifier de façon proactive si les enfants sont en sécurité. »

Le ministre de la Famille promet de déposer un plan d’action – peut-être même de rouvrir la loi – d’ici au printemps.

« Il y a une distinction entre la voisine qui garde les enfants, la grand-maman qui garde ses petits-enfants et quelqu’un qui en fait son occupation principale rémunérée. […] Au Québec, ça prend un permis pour vendre de la crème glacée. Pourquoi est-ce qu’on permet à des gens d’opérer sans permis pour garder nos enfants ? », a questionné M. Lacombe.

« Moi, le choix que je fais, c’est de miser sur la sécurité […]. On n’oblige aucun service de garde à fermer. On leur demande seulement d’avoir un permis et je pense qu’on est capable », a-t-il ajouté.  

En conférence de presse, mardi, le premier ministre François Legault a pour sa part reconnu qu’« il y a des améliorations à apporter ».  

« On veut offrir à tous les enfants, dans tous les milieux de garde, des services de qualité », a-t-il dit.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre François Legault

M. Legault a toutefois tenté de relativiser l’explosion des plaintes à la suite de l’adoption de nouvelles normes minimales de sécurité en décembre 2017. « C’est normal qu’à partir du moment où on rehausse les exigences, il y ait plus de gens qui n’atteignent pas ces exigences et que des parents apportent des plaintes ». « On veut évidemment les régler », a-t-il ajouté.

L’opposition réclame un réseau public robuste

Vincent Marissal de Québec solidaire (QS) déplore pour sa part que les garderies privées en milieu familial soient un « free for all » pour « faire de l’argent, pour rabouter les fins de mois ».  

« Si on avait choisi [de compléter le réseau des CPE], on n’aurait pas [vu se développer] toutes sortes de réseaux parallèles. […] Québec doit comprendre que la petite enfance passe par un réseau public », a-t-il dit.  

« Il faut que le ministre dise qu’on ne tolère plus des milieux de garde non régis. Lorsque vous offrez un service de garde en milieu familial, vous devez relever d’un bureau coordonnateur [et être] encadré. […] C’est ça qu’il faut », a pour sa part affirmé la députée péquiste Véronique Hivon.  

Québec chiffre entre 3000 et 5000 le nombre de garderies privées en milieu familial en opération au Québec. Ces garderies seraient fréquentées par environ 19 000 enfants.

- Avec Tommy Chouinard