(Québec) Le gouvernement Legault défend son choix de publiciser l’ouverture de prématernelles 4 ans à tous les parents, y compris ceux dont les enfants fréquentent déjà un service de garde éducatif, car un CPE « n’est pas une prison ».  

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, s’est présenté jeudi devant la presse parlementaire, accompagné du ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, pour défendre le « libre choix des parents ».

Mercredi, à l’étude des crédits du ministère de la Famille, le ministre Lacombe a été questionné par l’opposition péquiste sur cette campagne de promotion, alors que les commissions scolaires ont reçu la directive de « joindre un large bassin de parents, et ce, sans égard aux services dont leur enfant pourrait actuellement bénéficier. »

« Les oppositions voudraient que lorsqu’un enfant est dans un CPE, il soit pris là. Quand notre enfant a 4 ans, on ne peut plus l’envoyer en prématernelle, [selon l’opposition]. C’est absurde. Ce n’est pas une prison, les CPE ! », a dit M. Roberge.  

« Il faut donner l’information à tous les parents pour qu’ils fassent leur choix. On n’ira pas enlever des enfants de force dans les CPE », a ajouté pour sa part M. Lacombe.    

Le gouvernement Legault, qui s’est engagé à ouvrir 250 nouvelles classes de prématernelles 4 ans dès la rentrée scolaire 2019, lancera d’ailleurs une campagne promotionnelle dans les médias afin de publiciser cette nouvelle offre de services, ont annoncé les deux ministres.

Quelle complémentarité de services ?

La députée du Parti québécois (PQ), Véronique Hivon, estime pour sa part que la directive envoyée par le ministère de l’Éducation aux commissions scolaires contredit le discours du gouvernement caquiste, qui affirme que les prématernelles 4 ans seront déployées en complémentarité avec le réseau de service de garde éducatif.  

« Est-ce que cette réforme est là pour répondre aux besoins des enfants ou elle est là pour répondre aux besoins du gouvernement, pour qu’il puisse dire que son engagement non souhaitable et irréaliste puisse être coché ? », a-t-elle questionné jeudi.  

« L’enjeu, c’est de diminuer la vulnérabilité pour que les enfants soient mieux préparés pour entrer à la maternelle 5 ans, a ajouté Mme Hivon. Mais où est cette vulnérabilité ? Le gouvernement nous dit qu’il y a beaucoup de besoins parce qu’il y a 156 000 enfants qui ne sont dans aucun service de garde. [Alors] pourquoi est-ce qu’on ne vise pas d’abord ces enfants [pour remplir les nouvelles classes de prématernelles] ? »

Du côté des libéraux, on rappelle que les prématernelles 4 ans doivent servir à aider les enfants qui n’ont pas eu accès au réseau des CPE et des services de garde éducatifs pour leur donner une chance égale dans le réseau scolaire.  

« Le premier ministre a une seule idée, un seul objectif, un seul moyen : les prématernelles 4 ans. […] Maintenant qu’on a [ouvert] des classes, mais qu’il n’y a pas d’inscriptions, [on dit] trouvez-nous des enfants, même ceux qui sont dans les CPE », a affirmé la députée libérale Marwah Rizqy.

« Quand on s’apprête à dépenser 1,8 milliard de dollars, on a habituellement un plan. Et quand votre idée est tellement bonne qu’elle vaut 1,8 milliard, les gens cognent à votre porte pour s’inscrire », a-t-elle conclu.