(Québec) Les sports électroniques (« esports ») dans les écoles ne sont pas une « épidémie », affirme le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, qui rejette l’idée d’un moratoire.

Jeudi dernier, les libéraux lui avaient demandé de stopper le déploiement de ce type de programmes, le temps qu’on évalue leurs impacts sur la santé des jeunes.

Ils soutiennent que contrairement aux programmes de sports-études et d’arts-études, les « esports » peuvent créer une dépendance chez les jeunes.

Pour bien des parents, la gestion du temps d’écran autorisé à leurs enfants est devenue un enjeu quotidien, ont rappelé les députés libéraux André Fortin et Enrico Ciccone.

Déjà, plusieurs écoles québécoises se sont dotées de programmes en « esports », telles que :

-l’école secondaire Édouard-Montpetit (Montréal)

-la polyvalente de Matane (Matane)

-la polyvalente Arvida (Saguenay)

-la polyvalente de Charlesbourg (Québec)

-le Séminaire Sainte-Marie (Shawinigan)

-le Collège du Mont-Sainte-Anne (Québec)

-le Collège Reine-Marie (Montréal)

D’autres, comme l’Académie Sainte-Marie à Québec, ont annoncé qu’elles emboîteront le pas dès l’an prochain. Cette liste ne serait pas exhaustive, selon le bureau du ministre, qui soulève la possibilité que des écoles n’aient pas répondu à la collecte d’informations du ministère dans les délais.

Le ministre y voit du bon

Interpellé à ce sujet mercredi, le ministre Roberge a d’abord accusé le Parti libéral de ne proposer que « des pas de côté, des pas en arrière, des moratoires » dans ce dossier.

Il a relativisé la croissance de ce type de programmes : « C’est quelque chose comme 5-6 programmes dans tout le Québec, […] ce n’est pas une épidémie. »

Surtout, selon lui, les programmes scolaires en « esports » sont équilibrés, dans la mesure où les jeunes, après avoir joué aux jeux vidéo, doivent faire de l’éducation physique.

« Si tu fais deux heures d’écran dans ta semaine dans le programme de jeux à l’école, bien il faut que tu fasses une heure et demie, deux heures de sports de plus que tous les autres », s’est réjoui M. Roberge.

« Moi, je trouve ça intéressant, dans une perspective d’éducation, d’outiller les jeunes à être disciplinés par rapport à ça », a-t-il ajouté.

Les jeunes Québécois, de toute façon, jouent « beaucoup » aux jeux vidéo, constate le ministre. « Là, ils vont le faire sous supervision d’adultes bienveillants, de professionnels de l’éducation, ils vont se faire outiller pour ne pas devenir cyberdépendants, ils vont poser un regard critique face au jeu, au nombre d’heures qu’ils font », a-t-il assuré.

Dans le passé, ni la ministre de la Santé, Danielle McCann, ni son ministre délégué, Lionel Carmant, ne se sont montrés grandement préoccupés par la question des « esports ». Mardi, Mme McCann s’est limitée à dire en mêlée de presse : « Moi, je regarde évoluer le dossier et je suis satisfaite des positions que prend le ministre de l’Éducation. »

Mercredi, le gouvernement caquiste a rejeté une motion libérale l’invitant à appliquer un moratoire sur ces programmes. M. Ciccone demandait également à l’Assemblée nationale de mandater des experts afin de produire un rapport sur les impacts des appareils numériques sur la santé des jeunes.

« Les “esports” ne remplaceront jamais le sport, a réagi M. Ciccone par voie de communiqué. Une fois de plus, la Coalition avenir Québec fait fi de l’opinion des experts et fait à sa tête en refusant de documenter cette situation préoccupante. »

Le gouvernement a refusé la semaine dernière d’autoriser un mandat d’initiative qui aurait permis à la Commission de la santé et des services sociaux d’étudier l’impact des technologies chez les jeunes.