(Québec) L’implantation de la maternelle 4 ans pour tous à New York a été parsemée d’embûches, a pu constater Jean-François Roberge, qui revient toutefois de son périple « plus convaincu que jamais ».

Le ministre de l’Éducation a effectué une tournée-éclair dans la Grosse Pomme, où il a visité trois écoles et rencontré des dirigeants du Département de l’Éducation. New York connaît aujourd’hui un tel succès avec la maternelle 4 ans qu’elle l’étend aux enfants de 3 ans.

Or, les personnes rencontrées lui ont toutes conseillé de ne pas précipiter les choses ; New York a pris seulement quatre mois pour déployer la maternelle 4 ans universelle, et elle regrette notamment de l’avoir mal arrimée avec le programme scolaire pour les enfants de 5 ans.

« Ils sont à certains égards très enthousiastes et très critiques par rapport à leur réseau », a résumé M. Roberge mardi en entrevue téléphonique à La Presse canadienne, au cours de laquelle il est resté muet sur les coûts d’implantation de la maternelle 4 ans au sud de la frontière.

New York l’a déployée à la fois dans les écoles, les « pre-k centers » et les garderies. Elle a trouvé tous les locaux nécessaires, a relaté le ministre, mais les éducatrices, elles, ne sont pas toutes formées et doivent faire de la formation continue.

« C’est un défi et ça pose des difficultés, a-t-il déclaré. Je trouve ça très intéressant qu’ils n’aient pas reculé sur cette ambition-là que ce soit des enseignants qui fassent la maternelle 4 ans », a-t-il ajouté, rejetant clairement l’idée de confier la maternelle 4 ans aux garderies et CPE du Québec.

Le ministre explique vouloir prendre cinq ans pour déployer la maternelle 4 ans dans les écoles partout au Québec. Il vise un taux d’adhésion de 50 %, plus bas que ce qui était envisagé en campagne électorale.

La formation au Québec sera bonifiée

Il annonce par ailleurs qu’il bonifie la formation universitaire au Québec, afin que les enseignants « soient plus habilités à donner de l’enseignement préscolaire ».

M. Roberge a envoyé une directive aux universités pour qu’elles améliorent leurs programmes, en vertu de mandats stratégiques.

Ce sont de nouvelles enveloppes de financement dans le réseau universitaire qui permettent au gouvernement de donner une orientation spécifique.

Plus de la moitié de l’enveloppe cette année est destinée aux facultés d’éducation, et plus spécifiquement à la bonification de la formation initiale et continue pour le préscolaire, a-t-il annoncé, sans préciser le montant, qui ne serait pas encore autorisé par le Conseil du trésor.

« Les orientations sont données, les fruits ne sont pas encore mûrs », s’est-il limité à dire.

En matière de formation, le Québec peut, selon lui, « tirer des leçons » de New York, qui offre un baccalauréat axé sur les enfants 0-7 ans.

Défi de communication

Autre observation : au moment d’implanter la maternelle 4 ans pour tous, New York a mis en branle une « campagne de publicité monstre ».

« Ça a été un obstacle de communication, il fallait que les parents sachent où s’inscrire, comment s’inscrire. […] Cinq ans plus tard, encore aujourd’hui on se promène à New York et partout il y a des affiches “Pre-K for all » avec des numéros de téléphone, des lignes sans frais, des sites internet.

« Il ne se sont pas gênés pour informer les gens de la disponibilité des services, […] ils ont trouvé les numéros de téléphone des parents, ils les ont appelés un à un », retient M. Roberge, qui a récemment dû se défendre de faire du « maraudage » au détriment du réseau des CPE.